19 décembre 2018
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Mamy Hanitriniaina Razafimahatratra, « Agriculture de conservation et moyens d'existence des exploitations agricoles. Cas du Moyen Ouest de Madagascar », HAL-SHS : économie et finance, ID : 10670/1.77gx3x
L’agriculture de conservation (AC) est une innovation technique conciliant trois principes fondamentaux qui sont : (i) le non labour du sol ; (ii) le maintien en permanence d’une couverture végétale morte (mulch) ou vivante ; (iii) la rotation et l’association culturales (FAO, 2017). Elle a été promue en Afrique subsaharienne pour résoudre les problèmes de dégradation du sol. L’innovation est un champ de recherche à l’interface de multiples disciplines scientifiques et est appliquée à des domaines empiriques comme l’agriculture. Les recherches sur l’innovation ont été dominées durant une grande partie du XXème siècle par les approches diffusionnistes, puis renouvelées par des approches évolutionnistes à partir des années 1980. Malgré le rôle important des innovations agricoles dans le développement des moyens d'existence des exploitations agricoles, ces approches classiques d’analyse de l’innovation s’y intéressaient peu. Dans cette optique, cette thèse propose d’analyser les processus d’innovation selon une approche « livelihood » en mobilisant le cadre « Sustainable Rural Livelihoods » (SRL), connu pour ses capacités à apporter une meilleure compréhension des conditions de vie des ruraux. Elle s’interroge spécifiquement sur les apports du cadre SRL dans l’analyse des comportements d’adoption de l’AC à l’échelle de l’exploitation. L’étude a été menée dans le Moyen-Ouest de la région du Vakinankaratra à Madagascar et se focalise particulièrement sur l’AC utilisant comme plante de couverture le stylosanthes. Des données primaires ont été produites : données quantitatives en 2015 pour mener une analyse statique ; des données qualitatives en 2017 pour une analyse dynamique rétrospective. L’étude empirique confirme que la zone d’étude est bien dans un contexte de dégradation du sol et que les exploitants en ont conscience. L’AC pourrait être une alternative à ce problème de dégradation. Toutefois, la faiblesse des dotations en capital de ces exploitations et la pauvreté entravent l’adoption ou favorisent l’abandon de celle-ci à l’échelle de l’exploitation. Une reprise de la pratique de l’AC après des années d’abandon est un effet non attendu dont l’existence n’a pas encore été démontrée empiriquement dans la littérature pour l’AC. Ce comportement d’adoption discontinu a été observé dans certaines exploitations, mettant en evidence leurs capacités d’innovation et d’adaptation aux contraintes. L’étude montre que le cadre SRL est pertinent pour l’analyse des processus d’adoption d’une innovation à l’échelle de l’exploitation. Il facilite l’identification des facteurs qui ont prévalu à ces comportements aussi bien à l’échelle macro (nationale) que micro (exploitation agricole). Alors que les approches classiques de l’innovation se prêtent mieux à traiter l’aspect dynamique de l’analyse des processus d’innovation à l’échelle de l’exploitation. Renouveler les méthodes et les approches d’accompagnement de l’AC, favoriser la multidisciplinarité scientifique dans l’analyse des processus d’innovation liés à l’AC, approfondir les recherches sur la pratique discontinue de l’AC sont autant de pistes de recherche identifiées à l’issue de ce travail de recherche.