6 mai 2024
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Laurence Chamlou, « Dans les marges de l’orientalisme britannique : le cas d’Isabella Bird et de Journeys to Persia and Kurdestan (1891) », Cahiers victoriens et édouardiens, ID : 10670/1.787849
Isabella Bird (1831-1904), exploratrice, géographe, naturaliste, écrivaine et photographe, publia en 1891, Journeys in Persia and Kurdistan. L’expérience du voyage lui fut tout d’abord imposée par son état de santé. Voyageuse solitaire, elle avait déjà publié cinq récits de voyage. Ce sixième récit offre une réflexion sur l’affirmation d’une identité. Sa position complexe — jonglant avec d’un côté l’idéologie orientaliste de son époque et d’un autre, son engagement pour les Kurdes, transgressant les frontières genrées, adoptant des modes de représentation tantôt exotiques, tantôt impérialistes — lui permet également d’affirmer une voix. Cette voyageuse victorienne donne à voir une triple marginalité : celle d’un genre littéraire, celle d’une femme et celle d’un pays (la Perse). Devenue écrivaine grâce à un genre aux marges de la littérature (la correspondance et le récit de voyage), elle y ajoute le statut de photographe et acquiert une renommée de son vivant. En se tournant vers la Perse, elle se place dans les marges de l’empire britannique, au cœur du Grand Jeu stratégique entre la Russie et le Royaume-Uni. Journeys in Persia and Kurdistan reflète les ambiguïtés d’un regard de femme qui mêle la politique à l’aventure et dont le discours s’apparente à la fois au pouvoir impérialiste et à la recherche d’un statut en construction.