Anamorphoses dystopiques dans Contagion de Steven Soderbergh. L’Autre du désir. L’Autre de la mort

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2022

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Alain J.-J. Cohen, « Anamorphoses dystopiques dans Contagion de Steven Soderbergh. L’Autre du désir. L’Autre de la mort », Diogène, ID : 10670/1.7d75qr


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Pour Proust, on le sait, la mémoire fouille dans les ruines ce que le Temps a détruit, et ce que l’Art peut parfois sublimer. Face à un traumatisme soudain et dévastateur, le passé récent “convertit” (dans le sens alchimique, religieux, hystérique du terme) sa banale quotidienneté pour s’investir après-coup en paradis à jamais perdu. (Or les paradis ne sont-ils pas toujours des paradis perdus –Milton, Proust, Freud, et al.) ? Anticipant par une dizaine d’années le vécu de notre présent mondialement pandémique, le film de Soderbergh met en scène la monstruosité inexorable du virus, avec le chaos, la dépression universelle et l’agressivité qui en résultent, – illustrant ainsi comment le quotidien se transforme en une invivable dystopie. Cependant /u-topie/ et /dys-topie/ s’entrelacent et se reconfigurent dans une dynamique dialectique : De même que le passé (rétrospectivement) utopique contenait déjà le code de sa propre auto-destruction, de même le présent (prospectivement) dystopique engendre endurance et lutte à mort pour sur-vivre, ne serait-ce que dans un mode d’être différent du passé perdu et du présent mortel. Ce faisant, comme le montre notre analyse, Soderbergh surprend par la dimension féministe de son film.

For Proust, as we know, Memory delves into the ruins that Time has destroyed, and what Art may sometimes enhance. When facing a sudden and devastating traumatism, the recent past “converts” (in the alchemical, religious, or hysterical meaning of the term) its banal everydayness to invest itself, après coup, into a forever lost paradise. (Aren’t paradises always lost paradises —Milton, Proust, Freud, et al.?) Soderbergh anticipated by some ten years our current global pandemic. His film is a mise-en-scène of the inexorable monstrosity of the virus, along with its ensuing chaos, universal depression and aggressivity —thereby illustrating how everyday life morphs into an unlivable dystopia /U-topia/ and /dystopia/, however, interweave and reconfigure themselves into a dynamic dialectic. In the same way as a (retrospectively) utopian past already included the encoding of its own self-destruction, the (prospectively) dystopian present engenders resilience as well as a struggle-to-the-death for survival —even if it were to be in a different mode of being of the lost past and the lethal present. As our analysis shows, in so doing, Soderbergh surprises us with the feminist tenor of his film.

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