2014
Cairn
Audrey Hérisson, « Une anthropologie de l’échange de violence », Inflexions, ID : 10670/1.7i1ax5
La « montée aux extrêmes » théorisée par Clausewitz se confronte aux réalités de la guerre pour lesquelles l’escalade de violence semble toujours s’enrayer. Même si parfois la violence atteint des degrés extrêmes, le scénario apocalyptique ne se réalise pas. Pour tenter de comprendre pourquoi, un détour par l’ethnologie et l’anthropologie peut être intéressant. Les enquêtes de Pierre Bourdieu en Kabylie et de Raymond Jamous dans le Rif marocain décrivent un système d’échange de violence illustrant ce mécanisme de montée aux extrêmes. L’honneur est au cœur de ce système qui s’articule avec un autre système basé sur le sacré et chargé de stopper l’escalade de violence. Pour René Girard, la logique sacrificielle permet à une société d’évacuer une violence interne qui prend cycliquement des proportions dangereuses pour sa préservation. Dans cette anthropologie « noire », l’honneur oblige au jeu du défi et du contre-défi qui mécaniquement mène aux extrêmes ; seule une autre violence, celle du sacrifice, permet d’enrayer ce mécanisme.