2013
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Julie Cheminaud, « "La critique médicale dans la deuxième moitié du XIXe siècle : le risque de contagion des œuvres de la modernité" », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.7jme8k
Depuis l'Antiquité, les médecins n'ont cessé de s'intéresser à l'affinité entre maladie et génie. La particularité de la deuxième moitié du XIXe siècle est la reprise de ce thème à partir des thèses physiologiques et évolutionnistes, lesquelles amènent certains médecins, à la toute fin du siècle, à s'octroyer la prétention à juger les œuvres littéraires, entre autres œuvres artistiques, à partir du point de vue médical. Cette nouvelle critique médicale établit des diagnostics et en vient également à établir les normes de ce que doit être un art « sain ». Dans ce cadre apparaît l'idée d'un risque de contagion des œuvres de la modernité, idée que l'on retrouve plus particulièrement chez Max Nordau, médecin allemand ayant longtemps résidé à Paris, dont l'ouvrage Dégénérescence, datant de 1892, présente un diagnostic des arts de son temps, arts qui sont autant de dégénérescences présentant un risque pour la civilisation. C'est donc cet ouvrage qui nous intéressera plus spécifiquement. Mais il s'agira ce faisant de donner quelques jalons de ce parcours qui a conduit une certaine médecine à s'octroyer le droit à la critique artistique, d'en examiner les présupposés et les enjeux sous-jacents. Comment a-t-on pu penser la modernité artistique comme un phénomène épidémique ? Comment le discours médical a-t-il contaminé le discours critique ? Et enfin, en retour, comment le discours artistique lui-même reprend-il certaines de ces catégories médicales ?