11 février 2010
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Snoussi Syrine, « Le rôle du corps dans la constitution des connaissances chez Aristote », Corps Et Savoir, ID : 10670/1.7s0gu8
Les rapports qu’entretiennent le corps et le savoir font l’objet de réflexions dès l’émergence des premières philosophies dont nous avons connaissance. Le rôle de la sensation dans l’accès à la connaissance y est central. La place éminente d’Aristote dans ce débat est due au fait qu’il est le seul philosophe de l’Antiquité à accorder à la fois au corps et à la sensation un rôle positif dans le processus de connaissance, et à proposer dans le même temps une théorie de la connaissance fondée sur la possibilité d’atteindre à un savoir vrai. Sa position épistémologique ne prend véritablement sens que lorsqu’on la confronte à celle de ses prédécesseurs. Les différentes thèses en jeu s’articulent autour des réponses apportées à deux questions : les sensations sont-elles vraies ? En ce cas, dispose-t-on d’un critère du vrai, et si oui lequel ? A cette dernière question, s’ajoute une réflexion sur l’existence d’une faculté indépendante du corps permettant d’accéder à un savoir vrai. On examinera donc ici la façon dont ces différentes théories répondent à ces questions, en tentant de souligner la manière dont la réflexion d’Aristote est liée à son refus des thèses proposées par les Présocratiques et par Platon et portant sur les rapports du corps et du savoir. On étudiera donc d’abord le scepticisme auquel conduit la thèse de Démocrite ainsi que le sensualisme et le conventionalisme de Gorgias et de Protagoras, avant d’examiner ce qui conduit Héraclite et Platon à postuler un dualisme du corps et de l’âme, pour enfin mettre en relief le rôle privilégié accordé au corps dans le processus de connaissance chez Aristote.