27 octobre 2023
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Stefano Lazzarin, « Sortir de la révolution structuraliste : le cas de Tzvetan Todorov », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.7uc6qp
Dans toute révolution, il vient un temps où, après avoir fait la révolution, il apparaît nécessaire, pour ainsi dire, de la « finir ». Les révolutionnaires de 1789, même avant la Terreur, commencent à se poser ce problème : terminer la Révolution, sortir de la Révolution, s’en sortir. Les grands théoriciens du structuralisme sont confrontés à un problème semblable : comment sortir du structuralisme ? Comment passer à l’étape suivante, sans perdre pour autant les acquis de celle qui reste, peut-être, la plus grande révolution du XXe siècle dans le domaine de la théorie littéraire ? On étudie ici un cas exemplaire, celui de Tzvetan Todorov. Théoricien structuraliste de la première vague, notamment avec sa célèbre anthologie des Formalistes russes (1965), auteur d’un livre au succès retentissant comme l’Introduction à la littérature fantastique (1970), parfait exemple d’étude structurale d’un genre, Todorov commence, dans les années soixante-dix, à explorer de nouvelles perspectives : il découvre la non-spécificité du discours littéraire et les limites d’une notion autotélique de la littérature. Ce qui l’amènera, dans les années quatre-vingt, à un tournant décisif, qui semblerait s’accomplir sous le signe d’un autre grand théoricien de la littérature, Mikhaïl Bakhtine : la découverte de la multiplicité des discours, de la « question de l’autre », et, en fin de parcours, une nouvelle notion de la littérature, source de valeurs morales et « dévoilement de l’homme et du monde ».