Traumas sexuels et adolescence : Entre auteurs et victimes ou le bal de dynamiques circulaires

Résumé Fr En

Les deux principaux profils cliniques de mineurs auteurs d’agression sexuelle correspondent à deux modalités d’expression symptomatiques généralement observées dans les traumas complexes. Cela conduit l’auteur à défendre l’idée que la clinique des violences sexuelles est une clinique du trauma qui, sans un accompagnement adéquat, peut conduire au glissement transgénérationnel des matériaux traumatiques et à une répétition des violences sexuelles. Le bouleversement pubertaire remet en effet les enjeux du sexuel au premier plan. Il fait circuler plus d’énergie pulsionnelle au sein du système familial et crée un contexte favorable à la réactivation des traumas sexuels parentaux non résolus. L’enfant peut alors apparaître comme une menace à l’équilibre familial et contribuer à un changement de paradigme relationnel parent/enfant. L’effet déstructurant de ces dynamiques nouvelles est d’autant plus fort lorsqu’un mécanisme d’identification à l’agresseur est à l’oeuvre car celui-ci participe à une véritable « confusion des places » auteur/victime. Dans un tel contexte, le risque d’une réactualisation du script violent est majeur. C’est sur la base de constats cliniques empiriques et de cas illustrés que l’auteur met en lumière ces enjeux psychopathologiques.

The two main clinical profiles of minors who have committed a sexual assault correspond to two forms of symptomatic expression commonly observed in complex traumas. This leads the author to defend the idea that the clinical material of sexual violence is traumatic clinical material which, without an adequate support system, can lead to a transgenerational slippage of the traumatic material and to a repetition of the sexual violence. The upheaval of puberty brings sexual issues back into the foreground. It causes more drive energy to circulate within the family system and creates a context that promotes the reactivation of unresolved parental sexual traumas. The child may then seem to be a threat for the equilibrium of the family and contribute to a change of relational paradigm between the parents and the child. The destructuring effect of these new dynamics is especially powerful when a mechanism of identification with the aggressor is at work, because it contributes to a real “confusion of roles” between the author and the victim. In such a context there is a major risk of reactualizating the violent script. Drawing on empirical clinical observations and illustrated cases, the author throws light on these psychopathological issues.