2024
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.60527/87a8-8w61
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/
Iván López Cabello, « Conférence Alfons Cervera. III Colloque international « Républicain.e.s espagnol.e.s exilé.e.s pendant la Seconde Guerre mondiale : travail forcé et résistances. Rotspanier, 80 ans après ». Brest, 17-19 mars 2022. Video Canal-U », HAL-SHS : histoire, ID : 10.60527/87a8-8w61
VIDEOIII Colloque international « Républicain.e.s espagnol.e.s exilé.e.s pendant la Seconde Guerre mondiale : travail forcé et résistances. Rotspanier, 80 ans après ». Brest, 17-19 mars 2022. Conférence- Alfons CERVERA : « Le rôle des associations sur les politiques publiques de mémoire en Espagne »Présentation et traduction : Nathalie Narváez BruneauRésuméSuite à la mort de Franco, la démocratie pactisée arriva en Espagne. Le franquisme se recyclait ainsi pour jouer un rôle important par ces temps nouveaux. La Transition supposait un fait incontestable : elle fit ce qu’elle pouvait faire, mais elle aurait pu faire plus. Sans jeu de mots : les temps étaient durs (la preuve en est qu’en février 1981 il y a eu un coup d’État), les possibilités d’avancées démocratiques étaient rares. Mais là où il n’y a eu aucun avancement, absolument aucun, c’est dans la légitimation de la mémoire de ce qu’a signifié la Seconde République. Je dis légitimer, faire place à cette mémoire, nommer son histoire : la raconter. Rien n’a été fait. En 2001, Felipe González a été clair : « nous avons décidé de ne pas parler du passé ». Bouche cousue. Silence. La Seconde République demeure bien éloignée de la nouvelle démocratie. Le pont entre cette nouvelle démocratie et celle qui l’a précédée n’a pas existé. Le pont de cette nouvelle démocratie n’est pas allé vers la Seconde République mais vers le franquisme.Sous la dictature, la mémoire démocratique était interdite. Pendant la Transition, cette mémoire-là n’était pas convenable. Les politiques d’État en matière de Mémoire Démocratique (mal nommée Historique depuis le début) n’ont pas eu lieu avant 2007, lors du gouvernement socialiste de Rodríguez Zapatero. Une Loi insuffisante, concertée avec les partis de droite, qui jamais n’accepteront, jamais, une mémoire démocratique. Et encore moins Démocratique et Antifasciste, comme il serait convenable de la nommer. On ne peut pas être démocrate si on n’est pas antifasciste. Et en Espagne, la droite et l’extrême droite (si semblables qu’elles sont souvent indiscernables) ne sont pas antifascistes. La Loi sur la Mémoire Historique de 2007 était limitée, très limitée. Timorée, encore une fois. Mais elle contenait bien quelques avancées. Les aides budgétaires au développement de la Loi, par exemple. Parmi ces aides, celles qui signifiaient une avancée dans les exhumations des fosses communes. Le gouvernement de Mariano Rajoy n’a pas appliqué la loi et ces aides n’ont pas eu de budget. Maintenant la Loi au sujet de la Mémoire Démocratique est en train d’être débattue (sans trop d’empressement, sans trop de désir de la part du gouvernement de coalition). Nous ne savons pas ce qu’il adviendra. Je crois que rien, qu’encore une fois la nouvelle loi entrainera à nouveau une autre frustration. J’espère me tromper.Dans ce vide des politiques publiques de la mémoire, il y a une heureuse surprise pour l’année 2000. Une initiative civile. L’apparition d’un collectif dont la raison d’être était d’impulser les politiques de la mémoire démocratique. Ainsi surgit l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique. Peu après, d’autres associations voient le jour, aux champs d’actions divers et souvent communs. Et un objectif clair : combler, comme je l’ai dit, le vide des politiques étatiques en matière de mémoire démocratique. Et d’un autre côté générer une conscience citoyenne autour de la nécessité de sa récupération. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis lors. Et si nous avons progressé dans cette récupération et cette prise de conscience, c'est grâce au travail de ces associations. Elles ont exercé un rôle fondamental dans ce qui a été fait dans notre pays en matière de politiques publiques de mémoire démocratique. Je suis convaincu que sans cette impulsion, la situation actuelle serait bien pire qu’elle ne l’est. Je crois qu’aujourd’hui il existe déjà une étroite collaboration entre l’histoire et la mémoire. Et l’incorporation scientifique de l’anthropologie et de l’archéologie dans le travail d’exhumation a constitué une avancée définitive parmi les avancées mémorialistes. Malgré tout, les politiques publiques de la mémoire en Espagne sont insuffisantes. Elles continuent à regarder plus à droite qu’à gauche. Cela fait presqu’un demi-siècle que le dictateur est mort et, parfois, c’est comme s’il était toujours vivant, pas lui, bien sûr, mais ce qui l’a maintenu au pouvoir pendant quarante ans, dans l’une des dictatures les plus longues et les plus cruelles de l’histoire contemporaine de l’infamie. Mais les associations ne vont pas cesser d’être là, comme c’est le cas depuis décembre 2000 lors de la création de l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique. Ici même, en ces jours de colloque de Brest, sera présent un de ces exemples : la Mémoire de l’Exil Républicain Espagnol dans le Finistère. L’association MERE-29. Mon intervention lors du colloque sera l’un des hommages qu’elle mérite tellement.https://www.canal-u.tv/chaines/ubo/conference-alfons-cervera-iii-colloque-international-republicaines-espagnoles-exilees