2014
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Laura Schuft, « Devenir « demi » en Polynésie française », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.7202/1026165ar
Basé sur un travail doctoral mené entre 2004 et 2007 auprès de 54 personnes en couple dit « mixte » (« métropolitain »-« polynésien ») à Tahiti et à Moorea, cet article propose une analyse des usages sociaux de la catégorie de métissage : « demi ». La Polynésie française étant lieu de métissages transcontinentaux depuis 200 ans, Michel Panoff (1989) avait estimé qu’il n’existerait plus de Polynésiens non-métissés de fait. D’autres auteurs affirment que les « Demis » ne constituent qu’une classe sociale (Rallu et al. 1997). Dans ce contexte, quels critères symboliques sont employés pour démarquer la catégorie de « Demi » des autres appartenances ethniques de la société tahitienne contemporaine ? La genèse historique de cette catégorie prédit, dans son usage contemporain, le lien fort avec les statuts socioéconomiques des personnes. Or, les résultats de ce travail indiquent un autre facteur qui pèse sur la catégorisation ethnique : le genre. En effet, si toute l’ambigüité des distinctions sociales entre « Polynésien » et « Demi » repose sur l’affichage de symboles de statuts socioéconomiques dans le système de valeurs capitalistes et occidentales, la distinction devient saillante chez les hommes. Cet article se penche sur ces modalités dynamiques de catégorisation et de distinction entre appellations ethniques qui mobilisent autant les statuts socioéconomiques que le genre.