À l’origine : le titre lynchéen

Résumé Fr

Il est une constante dans l’œuvre du cinéaste américain David Lynch : les titres de ses films désignent très souvent les origines des idées qui ont mené aux œuvres même. Qu’il s’agisse d’une expression (« Lost Highway », « Wild at Heart », « The Straight Story »), une matière et une couleur (« Blue Velvet »), un lieu (« Twin Peaks », « Mulholland Dr. », « INLAND EMPIRE »), un surnom (« The Elephant Man »), les mots agglomérés des titres dans l’œuvre de Lynch sont systématiquement les déclencheurs du processus créatif et embrasent l’imaginaire de l’artiste qui s’évertuera à mettre en images et en sons cette idée originelle dans les génériques et plans d’ouverture de ces films, déroulant un programme entre le poïétique et l’esthétique. Ainsi, le titre lynchéen, toujours situé au début, à l’origine, de l’œuvre porte en lui sa propre genèse et sa propre existence et désigne l’œuvre comme un tout qu’il s’agit de donner à voir, écouter et ressentir au spectateur.Intégré dans un générique qui peut être soit séparé de la fiction ou apparaissant dans la première séquence, et conçu comme un sas transitoire vers le monde diégétique, mais toujours ancré dans la réalité artistique du cinéaste, le titre contient ainsi tout à la fois sa naissance et le programme esthétique que l’œuvre va dérouler à partir de lui et proposer à son spectateur. Véritable noyau embryonnaire qui contient l’œuvre et son envers, le titre est ainsi un tout originel à la fois poïétique et esthétique.Nous nous proposons de mettre en lumière, à travers les quelques exemples les plus représentatifs de l’œuvre du cinéaste, la double face singulière que les titres représentent pour David Lynch : à la fois traces d’un processus créatif et génétique et programme esthétique dense représentatif du style de l’artiste.