26 janvier 2024
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Laurent Lespez et al., « Au-delà du déterminisme géographique et environnemental, comment envisager les relations à l’environnement des sociétés pré- et protohistorique ? », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.8q2qq6
Depuis la Théorie des Climats, développée dès l’Antiquité puis formalisée par certains philosophes des Lumières, la tentation de trouver une explication causale de certains faits sociaux qui fait jouer à la nature un rôle primordial ne s’est pas démentie, même si elle s’est transformée. Aujourd’hui encore de nombreuses recherches archéologiques et géoarchéologiques proposent des causes biophysiques et climatiques pour expliquer les transformations de l’organisation du peuplement voire les effondrements civilisationnels des sociétés pré et protohistoriques.Nous proposons de discuter deux registres mobilisés par ces propositions. D’une part, et d’un point de vue pragmatique, il s’agit de rappeler les nombreuses incertitudes (densité de l’information, temporalités des phénomènes convoqués, etc.) qui demeurent dans bon nombre des schémas explicatifs qui convoquent la nature du milieu biophysique ou les fluctuations du climat. Pour cette réflexion, l’examen de l’impact des changements climatiques rapides en Méditerranée orientale sur les sociétés du Néolithique et de l’âge du Bronze nous servira de guide. D’autre part, et d’un point de vue plus fondamental, les notions même de contraintes et de forçages, en particulier climatique, seront examinées à l’aune d’autres concepts, comme celui d’affordance, ou des approches matérialistes qui intègrent les dimensions sensibles et cognitives. Cela nous conduira à promouvoir des approches relationnelles des rapports entre les sociétés anciennes et leur environnement qui dépassent les causalités trop souvent simplistes et téléologiques qui guident encore trop souvent les raisonnements.