2020
Cairn
Pierre Bonte, « L’économie de plantation et le statut des ḥarāṭīn dans l’Adrar tmar », L’Ouest Saharien, ID : 10670/1.8xw14e
À partir d’enquêtes de terrain menées entre 1970 et 1985 dans l’Adrar tmar, « l’Adrar des dattes », et de la consultation des archives du cercle d’Atar, en particulier des recensements de l’époque coloniale, Pierre Bonte traite d’un des parcours des populations ḥarāṭīn sahariennes en relation avec le développement de l’économie de plantation des palmiers-dattiers. Liée au développement de l’habitat qsûrien dans les cités caravanières, la croissance des palmeraies de l’Adrar, d’abord lente au début du XIXe siècle, s’est accélérée dans la seconde moitié de ce siècle, puis sous la colonisation, grâce à l’utilisation de la force de travail d’origine servile. Le fiqh, distinguant la propriété du sol de celle des plantations qu’il porte, a favorisé le recours à l’affranchissement et le développement de formes contractuelles de travail de ces populations, dont les modalités sont détaillées (contrats de métayage, de complant, etc.). Les stratégies d’affranchissement concernent aussi les femmes par le biais des mariages. L’exemple de la palmeraie d’al-Meddaḥ, située au sud-ouest de l’Adrar, illustre la diversité des statuts – sociaux, économiques, fonciers – et des trajectoires personnelles des ḥarāṭīn dans le contexte de cette économie de plantation. Une des conclusions de cet article souligne la forte mobilité géographique de ces ḥarāṭīn pour bénéficier de nouvelles solidarités et protections.