La revanche de la mémoire en Turquie : qui est le “vrai Köprülü” ?

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2020

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Olivier Bouquet, « La revanche de la mémoire en Turquie : qui est le “vrai Köprülü” ? », Revue d’histoire moderne & contemporaine, ID : 10670/1.91mh9l


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Depuis une trentaine d’années, le recul du kémalisme, l’arrivée au pouvoir en 2002 d’une formation islamique (le Parti de la justice et du développement) favorable à la redécouverte du passé impérial et le déploiement de la politique étrangère turque vers des territoires anciennement ottomans ont engagé une mutation profonde de la culture républicaine et des représentations des citoyens turcs vis-à-vis de leur passé. L’histoire impériale prend sa revanche, les grandes familles ottomanes aussi. Elles défendent d’autant plus ardemment d’anciennes lettres de noblesse impériale remises au goût du jour par les autorités d’Ankara qu’elles sont ramenées à une identité de Turcs blancs inversement dévalorisée. Le présent article en donne une illustration à partir des débats qui entourent l’ascendance de Mehmed Fuad Köprülü (1890-1966), l’historien turc le plus important du xxe siècle. Il retrace les échanges entre l’auteur de l’article et des descendants qui se réclament d’un accès à une mémoire familiale que seule l’appartenance lignagère confère. Il explique en quoi les historiens de métier ont tout intérêt à intégrer la généalogisation des mémoires familiales à leur objet d’étude. L’avantage est double : aborder des réalités ottomanes sous un jour nouveau ; gagner un éclairage complémentaire sur les enjeux de la néo-ottomanisation de la nation turque.

In an article published in 2013 by the Revue d’histoire moderne et contemporaine, Olivier Bouquet examined how an why an eminent Ottoman scholar Ali Emiri (1856-1924) accused the famous historian Fuad Köprülü (1890-1966) of having usurped his surname. Five years after the article was published, a Turkish citizen, Kadri Günay, linked to Fuad Köprülü by his wife, wrote to the author arguing to what extent the thesis argued by Ali Emiri should be challenged. The question was reassessed by means of information and documents that Kadri Günay sent to Olivier Bouquet through multiple e-mail exchanges. This article aims to report on these exchanges. They provide a valuable additional insight into the topics surrounding the imperial name Köprülü. They shed new light on genealogical requalification operations that members of prominent Ottoman families have conducted within the last decade. They give a particular illustration of the issues addressed through the reottomanisation of nobility and distinctions: various families associated with the imperial Ottoman past feed a growing genealogical passion; this passion finds a valuable symbolic support from the pious foundations to which these families are attached; the interweaving between genealogical practice and patrimonial anchoring nourishes operations of defense of names shaped under the Ottomans.

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