20 juin 2017
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Mikaël Duarte, « Des corps en enfer. Une histoire des corps dans la région stéphanoise de la fin du XVIIIe à 1949 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.98df0c
A la fin du XVIIIe siècle, la population de la région stéphanoise est caractérisée par sa maîtrise des processus industriels, une culture spécifique du corps, influencée par les rituels carnavalesques, le mouvement convulsionnaire janséniste, puis le magnétisme animal. L'industrie dépend alors des corps des ouvriers, des Sublimes. Les critiques des élites face à un système industriel passent des discours à une lente immixtion dans la chair des ouvriers qu'il faut enfermer, contrôler et rationaliser. La disqualification des corps ouvriers commence par un déclassement esthétique, qui débouche sur une racialisation, confortée par les théories de la dégénérescence. La rationalisation, la morale hygiéniste et l'éducation physique participent de cette prise de contrôle de la chair. Les nombreuses résistances des ouvriers face à une industrialisation rationalisée et mécanisée aliénante se caractérisent par une contre-culture ouvrière tenace, le maintien de la petite industrie qui maintient des espaces de liberté, et des violences, qui passe par l'anarchisme violent la grève, fracassée par une répression d'Etat.