2024
Cairn
Janie Houle et al., « Les interventions de courte durée offertes par les centres locaux de services communautaires (CLSC) aux personnes traversant un épisode de troubles anxieux ou dépressifs : une étude longitudinale au Québec », Santé mentale au Québec, ID : 10670/1.9ahr2p
Contexte Au Québec, les équipes de 1re ligne en santé mentale adulte (SMA) ont pour mandat d’offrir des services psychosociaux aux personnes qui vivent avec des difficultés de santé mentale, dont les troubles anxieux et de l’humeur. Suite à l’établissement de nouvelles balises cliniques en 2017, la durée des interventions ne devait pas dépasser 15 rencontres, sauf exception. Objectifs Le volet longitudinal de l’étude Savoirs partagés avait pour but général d’évaluer l’expérience de soins des personnes avant un trouble anxieux ou dépressif recevant une intervention de courte durée (< 15 rencontres) par les équipes de 1re ligne en SMA et l’évolution de leur rétablissement dans le temps. Plus précisément, les objectifs poursuivis étaient de : 1) déterminer l’appréciation des interventions de courte durée par les personnes utilisatrices de services ; et 2) évaluer l’évolution dans le temps de la symptomatologie, du fonctionnement, de la qualité de vie et du rétablissement des personnes qui reçoivent les interventions de courte durée. Méthode Un devis longitudinal mixte a été utilisé. Des entrevues téléphoniques ont été réalisées avec les personnes utilisatrices de services afin d’évaluer, de manière quantitative et qualitative, les variables suivantes : appréciation des services reçus, qualité de la relation avec l’intervenant (INSPIRE), symptômes de dépression (PHQ9), symptômes d’anxiété (GAD7), fonctionnement global (WHODAS), qualité de vie (ReQOL) et rétablissement personnel (ERTAD). Des analyses par modèles linéaires mixtes ont été effectuées pour examiner les changements dans le temps avec les mesures quantitatives. Des analyses de contenu ont été menées sur les données qualitatives. Résultats Au total, 63 personnes ont participé à une entrevue avant le début de leur intervention et 22 après la fin de celle-ci. Les analyses statistiques ont montré une amélioration significative des symptômes d’anxiété, de la qualité de vie et du rétablissement personnel, mais aucune différence n’a été observée en ce qui concerne les symptômes de dépression et le niveau de fonctionnement. Près de la moitié (47,4 %) des personnes participantes ont rapporté que l’intervention reçue avait « complètement » répondu au besoin qui les avait amenées à consulter et 33,3 % se sentaient « complètement » équipées ou outillées dans leur rétablissement. Parmi les éléments particulièrement appréciés, on retrouve la qualité de la relation avec l’intervenant(e), la possibilité de prendre part aux décisions, ainsi que la personnalisation de l’intervention en fonction de leurs besoins et de leurs préférences. Conclusion Les interventions de courte durée semblent être appréciées et produire des effets positifs chez plusieurs personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs. Elles demeurent toutefois insuffisantes pour un certain nombre d’entre elles. Une mesure de rétablissement personnel devrait être utilisée en complémentarité avec des échelles de symptomatologie et de fonctionnement pour suivre l’évolution des personnes qui utilisent les services de 1re ligne en santé mentale.