17 février 2016
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François Siino et al., « Les langues du politique. Le regard d’une sociolinguiste: Entretien avec Catherine Miller », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.9kh10g
Catherine Miller est sociolinguiste et directrice de recherche au CNRS. Née en 1955, formée à l’ethnologie et à la linguistique, elle a notamment travaillé sur les phénomènes de contact linguistique dans le domaine arabe, d’abord au Sud Soudan puis en Égypte. À partir de 2008, elle a poursuivi ses recherches sur le terrain marocain lors d’un séjour de recherche de quatre ans au Centre Jacques Berque de Rabat. Elle a dirigé entre 2015 et 2017 l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM, Aix-en-Provence).Dans cet entretien réalisé par François Siino et Myriam Catusse (dans le cadre d’un dossier de la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée intitulé « Révolutions arabes : un événement pour les sciences sociales ? »), Catherine Miller évoque les révolutions arabes telles qu’elles ont pu être perçues à travers le prisme disciplinaire de la sociolinguistique, notamment dans le contexte marocain. Elle explique comment la période des révolutions a tout d’abord rendu visible un plurilinguisme pré existant (arabe classique, dialectal, amazigh, français, anglais), connu des spécialistes, mais jusque là peu affiché dans la sphère publique, ce qui a contribué à rendre plus légitime ce type d’objet de recherche. Du coup, de nouvelles pistes de recherche se développent, quoique encore lentement : l’arabe marocain comme possible langue d’enseignement et de débat, les usages linguistiques dans les médias (feuilletons, téléréalité…) et les réseaux sociaux. L’étude des productions écrites vient aussi compléter celle des pratiques langagières orales, et des pays traditionnellement considérés comme les « gardiens » de l’arabe classique (notamment les pays du Golfe) commencent à organiser des conférences sur les parlers arabes contemporains, voir sur les pidgin arabic.