24 avril 2017
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Camille Raillon, « La résilience dans l’humanitaire, un concept pour penser autrement la gouvernance des catastrophes socio-climatiques », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.9ngpv7
La resilience dans l’humanitaire. Un concept pour penser autrement la gouvernance des catastrophes socio-climatiques. Le concept de resilience integre l’espace humanitaire au debut du XXIe siecle. Il a pour point de depart l’ambition affichee par les ONG d'ameliorer l’impact de leurs activites sur les populations les plus vulnerables. Si le concept de resilience est ne dans les sciences physiques, son integration au milieu du XXe siecle dans de multiples domaines de recherche : environnement, economie, psychologie et politique, le dote aujourd’hui de diverses interpretations et definitions. Au travers de ses racines multiples, cette integration est, par deduction, limitée par la complexite a trouver une definition, des indicateurs et une methodologie satisfaisante permettant de mesurer et donc d’ameliorer l’aide apportee aux victimes. En nous focalisant sur la gestion des catastrophes socio-climatiques, a savoir celles liees aux activites humaines sur les ecosystemes et aux phenomenes climatiques extremes, nous avons fait le choix d’interroger le sens et la portee de ce concept dans l’humanitaire. En d’autres termes, aux cote;s de ses aspects theoriques, comment apprehender la resilience pour penser autrement la gouvernance des catastrophes socio-climatiques ?Notre etude en 2014 sur l’evolution des trajectoires de vie de 144 foyers dans le Delta des Sundarbans au sud du Bangladesh, met en lumiere une typologie de ces differentes capacites, suite aux cyclones Sidr 2007 et Aila 2009. Par ailleurs, nos resultats avancent l’idee que, si la resilience est une capacite endogene, elle interagit avec deux autres termes complementaires et polemiques qui ont integre l’espace humanitaire entre le milieu et la fin du XXe siecle : la vulnerabilite et l’adaptation des societes. Nous soutenons que, si ces trois termes sont dissociables et parfois meme contradictoires, leur chevauchement permet une analyse plus fine des capacites des foyers au sein des collectivites et des services ecosystemiques locaux. Ce qui nous permet de mettre en avant que le concept de resilience s’apprehende dans l’humanitaire comme une notion integratrice vulnerabilite, resilience et adaptation au service d’une approche systemique de la gouvernance des catastrophes.Nous defendons que la resilience puisse aussi etre apprehendee comme une approche systemique qui bouscule le modele humanitaire, puisqu’il ne s’agit plus seulement pour repondre aux catastrophes de s’inspirer du modele classique urgence, rehabilitation et developpement mais bien de gerer tout au long du cycle d’un projet la confusion et les perceptions contradictoires de la crise et des risques. L’integration de la resilience concourt ainsi a; une modelisation de l’aide basee sur les aspects fonctionnels, structurels et operationnels de l’organisation avec une vision plus integree des systemes socio- ecologiques, a savoir la capacite des foyers a rebondir couplee a celle des services ecosystemiques locaux.Au travers des multiples polemiques qui traversent l’idee de resilience, nous assistons, si ce n’est a un bouleversement profond du paradigme humanitaire, a un enrichissement de la pensee sur la gouvernance des catastrophes et sur les modeles de l’aide qui les accompagnent. Des lors, nous posons notre question de recherche, en quoi le concept de resilience s’apprehende dans l’humanitaire a une approche systemique et a des modeles complementaires de l’aide integres dans la relation durable societe-environnement ?