2018
Cairn
Julie Chapuis, « Saper la reconstruction du Hezbollah : la diplomatie publique américaine au Liban depuis 2006 », Politique américaine, ID : 10670/1.9odohl
Depuis la victoire auto-proclamée du Hezbollah sur l’armée israélienne en 2006, les États-Unis ont redoublé d’efforts dans leur tentative de discréditer l’organisation chiite. Étant donné la ressource politique que représente le dispositif social du Hezbollah et l’occasion qui s’offre à lui de le réactiver après la guerre, la stratégie américaine a largement visé à saper la projection de sa puissance dans la reconstruction matérielle du pays. Pour défaire son autorité verticale d’abord, les États-Unis ont contribué de manière inédite au financement de la reconstruction post -2006 et ont soutenu le gouvernement libanais dans sa construction discursive d’un Hezbollah comme « ennemi de l’intérieur » qui s’appuie sur la criminalisation de sa politique de reconstruction. Pour mettre à mal sa légitimité horizontale ensuite, les États-Unis ont multiplié les campagnes de lobbying à travers l’USAID qui a financé les campagnes médiatiques du gouvernement et démarché de nombreuses ONG locales pour concurrencer l’aide apportée par les ONG satellites du Hezbollah dont les avoirs ont été gelés par le Trésor américain. C’est à cette stratégie offensive et à ses mécanismes de sape, dans le contexte de la recontruction post -2006, que s’intéresse cet article.