Le stigmate de la paternité incarcérée en France. Les tensions normatives des professionnels et des pères en milieu carcéral

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2022

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Marine Quennehen et al., « Le stigmate de la paternité incarcérée en France. Les tensions normatives des professionnels et des pères en milieu carcéral », Sociologie, ID : 10670/1.9on6x1


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Dans les années 2000, les politiques pénitentiaires affichent leur intention de maintenir les liens familiaux, considérés comme une condition essentielle de la réinsertion des détenus et de la prévention de la récidive. La parentalité des détenus pourrait alors être envisagée par l’institution carcérale comme une ressource. De nettes différences apparaissent cependant entre les mères et les pères détenus, la paternité incarcérée étant perçue comme « défaillante ». Au cours de deux terrains d’enquête qualitative dans deux centres de détention et trois maisons d’arrêt (2012-2016 et 2018), 150 entretiens ont été réalisés avec 70 pères, 25 entretiens avec des agents de l’administration pénitentiaire, 4 entretiens avec des intervenants extérieurs et une mère au sein de dispositifs de soutien à la parentalité auxquels s’ajoute l’observation de quatre temps d’actions parentalité. Cet article se concentre sur la stigmatisation de la paternité incarcérée. Fondé sur l’idée que les « bons » pères ne peuvent être en prison et que leurs enfants doivent être protégés de l’institution et de l’opprobre porté par leurs pères, ce stigmate est révélé par les discours sur la paternité tenus par les professionnels et les pères, de même que par leurs interactions, observées ou décrites en entretiens. Ces acteurs sociaux agissent de différentes manières dans ce contexte de double domination (institutionnelle et sociale) où l’imposition normative est particulièrement forte et où le statut de détenu prend le pas sur celui de père. Ces discours et ces pratiques ont des effets sur le stigmate de la paternité incarcérée : ils peuvent le renforcer, le contourner ou encore l’éluder.

In the 2000s, penal policy sought to maintain family ties, considered an essential condition for inmates’ reintegration and the prevention of recidivism. Inmates’ parenthood could then be seen by detention centres as a resource. Clear differences however emerged between detained mothers and fathers, with incarcerated fathers being perceived as “defective”. In the course of two qualitative studies in two detention centres and three pre-trial holding facilities (2012-2016 and 2018), 150 interviews were carried out with 70 fathers, 25 interviews with prison administration officers, to which can be added 4 interviews with external workers, volunteers and a mother as well as the observation of four programmes aimed at supporting parenting. This article focuses on the stigma of incarcerated fatherhood. Based on the idea that “good” fathers cannot be imprisoned and that their children must be protected from this institution, as well as the stigma associated with their incarcerated fathers. This stigma is revealed by fathers’ and professionals’ discourses, and their interactions –either observed or described– in interviews. These social actors perform in different ways under this context of double domination (institutional and social) where the normative imposition is particularly strong and where the status of prisoner takes precedence over that of father. These discourses and practices help to shape the stigma of incarcerated fatherhood, working to reinforce it, circumvent it, or even elude it.

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