21 novembre 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Fabien Gris, « Bal des arts, des corps et des histoires : incarnation et figuration dans Les Œuvres de miséricorde de Mathieu Riboulet », Quodlibet, ID : 10670/1.a36q6o
Les Œuvres de miséricorde, dixième livre de Mathieu Riboulet, repose sur un principe complexe et surprenant. Désireux de questionner à la fois le passé meurtri des relations entre la France et l’Allemagne et, plus largement, l’éternel couple violence/miséricorde, le narrateur du récit met en place une voie détournée pour mener cette interrogation. Délaissant toute dimension documentaire, testimoniale ou analytique, il va chercher dans les corps – corps réels désirés et touchés, mais aussi corps peints et corps filmés – une mémoire des gestes à partir de laquelle il tente d’approcher le mystère des relations d’amour ou de destruction qui unissent les hommes.Le texte procède alors à des montages qui relient références artistiques et scènes charnelles. Il s’appuie sur le principe d’une survivance des gestes, qui s’incarne à travers le temps dans les images de l’art comme dans la chair des corps. Face à une réalité et un passé qui se soustraient en permanence à la représentation, les références artistiques participent ainsi d’une poétique du figural résolument ouverte et inachevée, qui donne à la littérature contemporaine un territoire propre, aux côtés des discours historiographiques et philosophiques.