Le défi du pluralisme ethnoculturel pour l’éthique de la santé publique

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L’éthique de la santé publique a connu un développement marqué au cours des dernières décennies tant au niveau de ses fondements théoriques que du spectre des enjeux sanitaires auxquelles elle s’adresse. Toutefois, une problématique transversale à ces problématiques sanitaires et à ces enjeux éthiques n’a fait l’objet que de très peu d’analyses : l’ajustement des politiques de santé publique au pluralisme ethnoculturel. En dépit de la diversification ethnique croissante et irréversible dans les sociétés pluralistes contemporaines, et malgré la montée des communautarismes et des fondamentalismes religieux, un malaise profond semble poindre, au regard des réticences à aborder franchement ces problématiques. Les enjeux soulevés par ce pluralisme des croyances et des pratiques dans les champs de la prévention et de la promotion de la santé sont généralement masqués par des analyses en termes d’inégalités sociales et économiques et de précarité. Au mieux, on reconnaîtra des difficultés à ajuster ces politiques à la réalité des « immigrants », considérés comme un groupe homogène et en opposition à un « nous » tout aussi mal défini. S’impose alors une réflexion sur les défis, les conditions et les limites de l’élaboration d’une éthique de la santé publique qui serait sensible à la pluralité ethnoculturelle.

The evolution of issues related to the environment and climate change, new screening technologies, end-of-life care and, most recently, pandemics, remind us of the contributions but also of the limits of traditional ethical frameworks in public health. The analysis of issues related, for example, to social labelling and discrimination of targeted populations, the right to privacy, citizen autonomy in risk management, social justice in the distribution of the burden of preventive interventions, preventive paternalism or the moralization of lifestyle habits has largely contributed to raising awareness among biomedical and political authorities of the imperative of respecting the fundamental values shared in a given society. However, very little analysis has been made of a cross-cutting issue related to these health problems and ethical challenges. It concerns the adjustment of public health policies to ethnocultural pluralism. In spite of the growing and irreversible ethnic diversification in contemporary pluralist societies and the rise of communitarianism and religious fundamentalism, a deep unease seems to be emerging through the reluctance to address these issues frankly. The ­issues raised by this pluralism of beliefs and practices in the fields of prevention and health promotion are generally masked by analyses in terms of social and economic inequalities and precariousness. At best, we will recognize difficulties in adjusting these policies to the reality of “immigrants” considered as a homo­geneous group and in opposition to an equally ill-defined “us”. A reflection on the challenges, conditions and limits of developing a public health ethic that would be sensitive to ethnocultural plurality is therefore necessary.

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