14 février 1998
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/
Dominique Massonnaud, « De la Baigneuse de Courbet à l'Olympia de Manet. Mythes de la rupture et modernité », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.ap7y00
La thèse, intitulée De La Baigneuse de Courbet à l’Olympia de Manet, Mythes de la rupture et modernité, s’intéresse aux scandales du nu moderne en peinture : aux modalités, aux enjeux - aux différences aussi - de leur élaboration en tableaux-événements, par l’histoire de l’art et son discours évaluatif. Le souci d’archive (la constitution du corpus de réception contemporaine et postérieure des œuvres) et l'analyse des discours critiques font apparaître une part du conditionnement de notre pensée critique et artistique, depuis le XIXe siècle. Le travail revient aux critères qui président aux créations picturales et à leurs évaluations, en matière de nu, au moment où les toiles de Courbet puis de Manet, font scandale : critères occidentaux, issus de l’Antiquité grecque puis latine, réappropriés par la Renaissance, qui mènent déjà à une nette réévaluation de la Grammaire des arts du dessin, en particulier chez Ingres ou Delacroix. Le rôle de la technique nouvelle de la photographie - son usage par Delacroix, puis son utilisation par Courbet, que montre, par exemple, la ressemblance entre un tirage de Vallou de Villeneuve et la pose étonnante de La Baigneuse - manifeste précisément et concrètement son importance. On peut alors affirmer que la mise en cause picturale du système de valeurs, issu de la tradition, engendre une approche autre du tableau : moderne, il émane d’ambitions déplacées chez le peintre et il dérange, perturbe, engage son récepteur. La sortie d’une primauté du lisible sur le visible impose au spectateur de perdre sa position de maîtrise ; elle oblige le critique à dépasser une approche qui tend à résorber les tensions à l’œuvre dans les toiles modernes par la seule affirmation d’une exhibition du « signifiant plastique ».