L'archéologie des châteaux des Alpes du Nord : nouvelles approches, nouvelles méthodes ?

Résumé Fr

Dans quelle mesure l'étude archéologique constitue-t-elle une source pour la connaissance des châteaux médiévaux ? Dans quel cadre et avec quelles limites les données archéologiques sont-elles « fabriquées » aujourd'hui ? Sont-elles différentes, complémentaires ou contradictoires des données archivistiques ? La connaissance des châteaux peut-elle reposer uniquement sur une « archéologie documentaire » élaborée à partir des archives et, à l'inverse, l'interprétation des données archéologiques peut-elle se passer de l'éclairage des textes ?Les châteaux médiévaux ont connu un développement pour l'essentiel entre l'an Mil et le XVIe siècle, période qui couvre globalement la genèse, le développement et parfois la chute des grandes principautés se partageant le territoire nord alpin (Dauphins de Viennois, comtes de Savoie, de Genève et de Belley, sires de Faucigny et de Coligny…) et de leurs vassaux. À la fois organes de défense d'un territoire, résidences seigneuriales mais aussi outils de contrôle administratif et économique, les plus anciens châteaux de la zone considérée sont attestés par des mentions d'archives dans la seconde moitié du XIe siècle, mais souvent à partir du XIIIe siècle seulement.Pourtant, les fouilles archéologiques montrent dans certains cas qu'ils ont fait suite à des structures défensives ou des habitats de hauteur plus anciens, pouvant parfois remonter à l'Antiquité tardive ou au haut Moyen Âge. Quant aux familles seigneuriales qui ont tenu ou construit ces châteaux, elles sont pour beaucoup attestées avant les châteaux eux-mêmes, laissant supposer une généralisation du phénomène dès l'an Mil, connue dans d'autres régions mais jusqu'ici rarement démontrée en Savoie ou en Dauphiné. Dans la région considérée, la recherche sur les châteaux, dynamique dans le domaine de l'exploitation des sources historiques, reste marginale sur le plan archéologique, là où elle devrait tenir une place aussi essentielle que l'étude des textes.Exercée dans un cadre législatif et administratif contraignant, l'archéologie des châteaux a vu ses modes d'intervention et ses méthodes de recherche évoluer considérablement ces dernières années. En revanche, les problématiques archéologiques liées aux châteaux3 sont relativement stables depuis quarante ans et couvrent un vaste champ de recherche, visant à cerner les questions de la naissance et de la formation des châteaux autour de l'An Mil, de leur évolution entre le XIe siècle et les XVIe-XVIIe siècles et de leurs fonctions, à la fois fortifications défensives ou têtes de pont pour la conquête d'un territoire en guerre, résidences princières ou nobles, centres économiques et pôles d'habitat.