« De l'iconothèque à l'icono-graphie. L'éditorialisation des collections numériques »

Résumé Fr

Le web et ses réseaux sociaux-Instagram, Pinterest, FlickR, SnapChat, Tumblr, Twitter ou Facebook-sont-ils devenus les nouvelles iconothèques du XXI e siècle ? Le terme « iconothèque » at -il seulement encore un sens pour qualifier ces flux continus et considérables d'images-sur la seule plateforme Instagram, par exemple, ce sont plus de 100 millions de photos et de vidéos qui sont publiées chaque jour-dont l'enjeu principal n'est plus tant la conservation que la conversation 1 ? L'iconothèque ne suppose-t-elle pas en effet un certain effort de classement, d'organisation, là où les interfaces des grandes plateformes sociales proposent d'abord une publication immédiate, une lecture antéchronologique et une recherche pour le moins fastidieuse ? Comment appréhender les multiples fonctions-littéraire, poétique, éditoriale, promotionnelle, autobiographique et désormais iconographique-du profil Instagram d'un auteur ? Force est de constater que les écrivain•e•s contemporain•e•s n'ont sans doute jamais autant collecté ou publié d'images qu'aujourd'hui. Les réseaux sociaux, à cet égard, apparaissent avant tout comme de formidables outils communicationnels permettant à toute une communauté d'auteurs et d'autrices de rendre public en quelques clics la dimension photolittéraire de leur travail qui, auparavant, demeurait de l'ordre de l'intimenon pas qu'elle soit cachée, mais tout simplement privée d'espace de publication, cantonnée au brouillon ou au chantier d'écriture 2. C'est ce qu'illustre par exemple le projet Marilyn 3 de l'écrivaine française Anne Savelli qui, de court feuilleton en neuf épisodes consacré à l'actrice Marilyn Monroe, publié dans la revue littéraire Remue.net 4 , est devenu, huit ans plus tard, un ouvrage de 420 pages, Musée Marilyn, paru aux éditions Inculte 5. Pour accompagner cette longue gestation, l'autrice publie depuis 2015 sur les réseaux des centaines de clichés de l'actrice américaine, en engageant par la même occasion un véritable jeu avec son lectorat, invité à participer à la collecte. Cette collection, qui se