2021
Cairn
Sébastien Van Drooghenbroeck, « Du bon usage de la jurisprudence strasbourgeoise. Quelques réflexions sur la jurisprudence belge relative aux signes convictionnels », Revue interdisciplinaire d'études juridiques, ID : 10670/1.b4w4a1
Il n’est pas rare que, appelés à se prononcer sur l’une ou l’autre question touchant aux rapports entre l’État et la religion (problématique du port des signes conventionnels en milieu scolaire, dans la fonction publique, …), les juges nationaux offrent pour toute motivation un renvoi aux positions – en l’occurrence assez self restraint – développées sur ce point par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme. Ce « réflexe strasbourgeois », à l’ordinaire salué comme un geste d’ouverture juridique, est cependant problématique à un double titre. Les fiats strasbourgeois sont en effet décernés au bénéfice d’une large « marge nationale d’appréciation » dont l’importation telle quelle dans le raisonnement du juge interne n’a pas de sens. Par ailleurs, cette jurisprudence strasbourgeoise bienveillante n’a pas lieu de constituer l’unique horizon juridique des juges internes : ceux-ci doivent en effet s’ouvrir à la quasi jurisprudence onusienne qui, sur les thèmes concernés, est nettement moins « coulante ». Développant cet argumentaire double, la contribution s’inscrira dans une réflexion sur la gouvernance juridique à niveaux multiples dans le domaine des droits de l’Homme.