26 novembre 2012
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Lolita Berard, « Dépendances à distance en français contemporain. Etude sur corpus : "C'est ce qu'on pense qui devrait être fait" », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.b63m96
Notre étude porte sur les séquences « QU- Construction_Verbale_1 que Construction_Verbale_2 » (cf. sous-titre), dans lesquelles on considère traditionnellement que la dépendance entre l'élément QU- et le V2 enchâssé se fait à longue distance. Cette construction a fait l'objet de nombreux travaux et tous concluent que des contraintes en règlent les emplois. Mais ces travaux s'appuient soit sur l'intuition des auteurs ou des locuteurs, soit sur de langues autres que le français.Dans un premier temps, notre étude, basée sur 229 occurrences relevées dans 3M de mots d?oral et 9M de mots d'écrit, cherche à vérifier les hypothèses formulées dans ces travaux (corpus-based). Certaines se révèlent justes : l'élément QU- est toujours sujet, objet ou ajout de V2, le V1 est un verbe fréquent, sémantiquement simple et de valeur modale. En revanche, il n'existe pas de formule prototypique et les V1 n'excluent pas les verbes factifs.Dans un second temps, nous examinons les propriétés syntaxiques, lexicales et pragmatiques de la CV1, jusque là peu étudiée (corpus-driven). Celle-ci se présente sous la forme « sujet pronominal + verbe », ce qui pourrait conforter l'hypothèse de contraintes liées à la performance. Mais la constance de la forme CV1, son sens modal et sa relation avec la CV2 (difficilement pronominalisable), nous invite à considérer que l'ensemble « CV1 que CV2 » est irréductible à un enchâssement et forme un « complexe verbal », une chaîne de verbes comparable à celle des séquences « CV1 CV2_infinitif ». La représentation par bulle proposée par Kahane (2000) rend compte de façon particulièrement naturelle du fait que l'élément QU- est un dépendant local du complexe verbal.