2022
Cairn
Jean-Marc Tétaz, « L’autorité du pouvoir-en-commun. La nouvelle théologie politique de Paul Ricœur », Études théologiques et religieuses, ID : 10670/1.b6gfep
Après avoir relevé les difficultés d’interprétation que pose la conférence de Paul Ricœur publiée dans le présent numéro, « Le pouvoir politique : fin du théologico-politique ? » (1992), Jean-Marc Tétaz montre que les réflexions de Ricœur sur le théologico-politique s’inscrivent dans un triangle défini par les noms de Claude Lefort, Hannah Arendt et John Rawls. La question qui résulte de la confrontation des deux premiers est le déficit de légitimation de la démocratie. Parce que Ricœur refuse la position de Lefort voyant dans la démocratie une forme politique dans laquelle le lieu du pouvoir est vide, il propose de concevoir une nouvelle forme de théologie politique dont le sujet serait la communauté ecclésiale. Cette nouvelle théologie politique aurait pour tâche de faire voir dans ses pratiques le pouvoir-en-commun dans lequel s’origine le pouvoir politique. À la suite de Rawls, Ricœur propose de trouver dans le « régime de vie » spécifique des communautés ecclésiales une source morale de la conception de la justice qui organise les sociétés démocratiques. C’est pourquoi la nouvelle théologie politique de Ricœur s’inscrit dans le cadre de ce consensus par recoupement dans lequel Rawls identifie le mode sur lequel les différentes conceptions du bien présentes dans les sociétés pluralistes contribuent à la stabilisation de la conception de la justice.