2004
Cairn
David Teurtrie, « La langue russe : Un enjeu dans les relations entre la Russie et son étranger proche », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.bm3c7v
Contrairement à une idée reçue, la politique de l’URSS en matière linguistique ne se bornait pas, loin s’en faut, à la russification et se distinguait par une grande diversité dans son approche des langues nationales des républiques. Les Etats indépendants nés de la chute de l’URSS se sont donc retrouvés face à un héritage complexe et souvent contradictoire. Si à la veille de l’éclatement, 82 % des Soviétiques, dont 62 % de non-Russes parlaient le russe, le degré de connaissance de cette langue était très variable selon les républiques. Les nouveaux Etats indépendants se sont évidemment posé comme but de promouvoir leur langue nationale et de la substituer au russe, ce qui a poussé un certain nombre de Russes à émigrer. Cependant ce mouvement n’a pas revêtu un caractère massif, sauf dans les régions de conflits (Sud-Caucase, Tadjikistan). Ce n’est qu’avec l’arrivée au pouvoir de V. Poutine que le gouvernement russe a mis en place de son côté une politique de soutien à la langue et à la culture russes dans l’étranger proche. Il lui a également fallu faire face à la pression des autorités de certaines républiques de la Fédération de Russie, comme le Tatarstan, pour développer le rôle de leur propre langue. L’accent a été mis par les autorités russes sur les principaux vecteurs de la langue que sont l’enseignement, les médias, ainsi que l’internet. La situation du russe est très diversifiée selon les ex-républiques, allant de l’absence totale de statut officiel, comme en Azerbaïdjan à celui de langue officielle comme en Biélorussie.