2023
Cairn
Dominique Barjot, « Transferts de technologie et innovation endogène », Entreprises et histoire, ID : 10670/1.bwre4r
Les années 2000 et 2010 ont vu l’émergence de nouvelles puissances économiques. Ces pays émergents connaissent des situations très inégales, au profit de l’Asie. Dans ces conditions, il est intéressant de s’interroger sur le rôle respectif des transferts de technologie et de l’innovation endogène, mais aussi de la circulation des connaissances et des modèles de management dans la genèse des modèles de développement économique. Cela conduit à questionner non seulement la pertinence d’un modèle asiatique de développement, mais aussi celle du concept de transfert de technologie, au profit d’approches plus complexes des flux techniques, des processus d’innovation et des sources effectives de la compétitivité. Par son poids dans l’économie mondiale, la Chine se situe au cœur de ces interrogations. Non seulement elle offre un excellent exemple de transferts de technologie ayant enclenché un mouvement de plus en plus ample d’innovation endogène, mais encore son histoire longue met en lumière l’importance des transferts croisés (ainsi dans l’industrie de la soie), le rôle des « champions cachés » dans la genèse de l’innovation technologique. C’est ainsi qu’elle a pu renverser le flux de transfert technologique et managériaux avec la Russie, notamment dans le domaine de l’automobile. Cette montée en puissance de la Chine n’est cependant pas irrésistible, comme le montre la résistance de la construction navale japonaise face aux concurrences chinoise et sud-coréenne. L’un des éléments majeurs de cette résistance réside dans une large marge d’autonomie stratégique des entreprises par rapport aux États, un second facteur tenant au rôle spécifique joué par les organisations multilatérales telles que la Banque mondiale.