Connaissances et expériences ordinaires des dérèglements climatiques : Enquête en milieu montagnard

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Documenté et mis en évidence par un savoir expert peu accessible au non spécialiste, le changement climatique est perçu comme un phénomène global, à distance de l’expérience vécue de l’environnement et du temps qu’il fait. A rebours de cette connaissance globale, cet article s’intéresse aux évolutions du climat que les habitants et pratiquants de milieu montagnard (massif des Écrins) identifient et expérimentent par leur biais de leurs pratiques. Il met en évidence des savoirs expérientiels portant certes sur la dimension climatique fortement médiatisée (en particulier, fonte des glaciers, éboulements, etc.) mais également sur tout un pan de conséquences locales peu décrites par ailleurs et portant sur le paysage, la faune, la flore, etc. Intimement liés à la dimension sensible et émotionnelle de la relation de ces pratiquants au milieu, ces savoirs expérientiels les amènent à développer certains bricolages adaptatifs pour ajuster et transformer leurs pratiques. Mais parce que ces évolutions ne sont pas documentées par les sciences du climat, la légitimité de leurs observations n’est pas évidente. Or, l’expérimentation sensible, porteuse d’affects, et la connaissance de ces « dérèglements » tangibles dans un lieu particulier paraissent essentielles pour construire les décisions et l’action politique d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.

‪Mostly documented using expert knowledge that is not easily grasped by non-expert people, climate change is perceived as a global phenomenon, remote from any lived experience of weather or the environment that it incurs. This article instead addresses climate evolutions that inhabitants and practitioners in mountain settings (Ecrins Natural Park) identify and experience through their own practices and activities. We highlight a set of experiential knowledge integrating not only heavily mediatized dimensions of climate change (such as glaciers melting, landslides, etc…) but also a range of local consequences of climate change regarding landscapes, plants and animals that are seldom documented. Intimately linked with practitioners’ senses and emotions in relation with their lived experiences of the environment, experiential knowledge fosters “adaptative tinkering” environmental practices through attempts to adjust practices and activities to shifting environmental conditions. However, as these evolutions are not documented in climate science, practitioners tend to doubt the legitimacy of their own observations. Yet, we argue that experiential knowledge, developed in specific places and based on lived experiences, emotions and senses, is critical to making enlightened and legitimate political decisions regarding climate change mitigation and adaptation.‪

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