2 septembre 2022
Jean Souviron, « Glazing Beyond Energy Efficiency: An Environmental Analysis of the Socio-Technical Trajectory of Architectural Glass », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.c9bgtp
Le vitrage est un produit de construction à la fois banal et indispensable, qui connaît depuis l’après-guerre des transformations radicales. Les simples feuilles de verre montées sur les châssis en bois ont été progressivement remplacées par des vitrages isolants composés de deux voire trois vitres assemblées entre elles par un mélange complexe d’aluminium, de matières composites et plastiques, d’oxydes métalliques et de substances hydrophiles. En parallèle, les réglementations thermiques et les labels environnementaux ont fait émerger un nouveau régime socio-technique proposant un compromis entre la promesse moderne d’accessibilité à un plus grand confort et les impératifs de maîtrise de la demande d’énergie. Gouvernements et industries promeuvent ainsi la diffusion de nouvelles technologies jugées plus performantes dans l’espoir de concilier croissance économique et transition écologique.Pour autant, la primauté accordée à cette performance d’usage tend à occulter l’empreinte environnementale du secteur de la construction dont les usines de production ne cessent d’intensifier l’exploitation des ressources naturelles. Si la réduction de la facture énergétique des bâtiments passe par la mise en œuvre de produits plus complexes, il convient donc de s’interroger sur l’impact écologique de ces politiques d’efficacité énergétique. Pour ce faire, je propose de retracer la trajectoire socio-technique du vitrage en adoptant une perspective à la fois historique et territoriale sur le cycle de vie de ce produit. L’objectif est de contribuer à une meilleure compréhension de l’entremêlement de cette trajectoire avec la biosphère en posant la question suivante : comment les exigences en termes d'efficacité énergétique se matérialisent-elles tout au long du cycle de vie du vitrage et comment cette matérialisation impacte-t-elle la biosphère ?Cette thèse se situe au carrefour de l’histoire de l’architecture et de la construction, des études socio-écologiques et du champ des science and technology studies (STS). Je croise des recherches en archives, des enquêtes de terrain et des inventaires de flux de matières et d’énergie afin d’analyser la trajectoire socio-écologique du vitrage en Europe, et plus particulièrement en France et en Belgique. À partir des méthodes et outils de l’écologie industrielle et territoriale, j’étudie l’empreinte environnementale de l’industrie verrière et évalue l’impact écologique des vitrages en fonction de la performance qu’ils cherchent à atteindre. J’interroge cette performance au regard des stratégies architecturales et des pratiques des usagers d’un bâtiment. J’entends ainsi donner la mesure des transformations matérielles directement ou indirectement induites par les politiques énergétiques et révéler la manière dont ces dernières conditionnent notre rapport à l’environnement et contraignent par leur héritage matériel et culturel les perspectives d’évolution du métabolisme urbain.