2017
Cairn
Christian Roy, « La réflexion fédéraliste sur la liberté dans la revue personnaliste L’Ordre Nouveau et le contexte français des années 1930 », L'Europe en Formation, ID : 10670/1.cgvr94
Cette communication examine la façon dont s’est posée la question de la liberté dans la tradition intellectuelle que le CIFE hérita du groupe personnaliste Ordre Nouveau, fondé lui aussi par Alexandre Marc. Elle offre une synthèse des nombreuses références au terme « liberté » recensées dans sa revue L’Ordre Nouveau (1933-1938). Pour l’ON, « le problème de la défense des libertés se ramène en doctrine et en pratique au problème du fédéralisme », partant du principe « qu’il n’est de véritable communauté que là où des personnes et des groupes autonomes collaborent librement dans la diversité » (Robert Aron). Ce modèle est distingué d’un libéralisme qui peut très bien les « laisser sans défense contre les grands courants économiques et sociaux » au nom d’une liberté définie « comme le droit pour l’homme de faire tout ce qui n’est pas strictement interdit », alors qu’au sens personnaliste, la liberté n’est « valable que dans la mesure où l’homme y engage sa totale responsabilité » (Marc). Par une telle action militante, « l’Ordre Nouveau peut s’édifier ici et maintenant, parmi les ruines de l’ordre ancien », qu’il s’agisse « d’orienter l’exploitation des entreprises dans le sens de l’autonomie et de la liberté » ou « de créer, dans chaque commune, un groupe de résistance à l’étatisme et d’organisation de l’autonomie locale », voire de « commencer à constituer des communautés qui distribuent à leurs membres – et d’abord aux chômeurs – le minimum vital auquel tout homme a droit » (« Pour la liberté », octobre 1936). Préfigurant certains mouvements citoyens contemporains en vue d’une politique sociale post-industrielle, ce revenu de citoyenneté est en effet indissociable d’un régime fédératif, offrant à chaque personne et groupe les conditions de l’exercice de la liberté.