12 novembre 2012
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Marie-France Mifune, « Performance et construction identitaire. Une approche interdisciplinaire du culte du bwiti chez les Fang du Gabon », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.chrgts
Ce travail porte sur le rôle de la performance dans la construction identitaire des initiés du culte du bwiti chez les Fang du Gabon, et précisément au sein de la communauté bwitiste appelée « disumba mongo na bata ». L’activité musicale étant omniprésente au cours du rituel principal appelé ngozo, nous avons choisi d’étudier la pratique rituelle en tant que performance.Au-delà de cette étude spécifique, c’est la question d’une approche interdisciplinaire cohérente et unifiée de la performance qui est posée. Le choix du concept de performance est pertinent car il permet de prendre en compte le matériau musical mais également l’ensemble des composantes qui lui sont intimement liées dans la pratique rituelle du bwiti, c’est-à-dire le corps et la langue. Basé sur la théorie de la tripartition sémiologique du phénomène musical de Jean Molino, nous avons élaboré un cadre théorique d’analyse de la performance. Ainsi, les trois dimensions de la performance c’est-à-dire, l’objet lui-même composé des trois matériaux (musique, langue, corps), le versant de la production et celui de la réception, sont étudiées selon une double analyse, à la fois formelle et ethnologique. Ces deux versants sont présents à chaque étape de l’analyse. Le plan de la thèse qui se divise en trois parties exprime ce constant va-et-vient nécessaire entre les deux versants analytiques.La première partie est consacrée aux éléments de contextualisation du culte du bwiti à la fois dans une perspective diachronique et synchronique, à partir respectivement des sources anthropologiques et d’une ethnologie de notre terrain. Une description des composantes du rituel est ensuite proposée.La seconde partie procède en deux temps : d’abord un état de l’art des recherches théoriques et méthodologiques sur la performance en linguistique, en anthropologie et en ethnomusicologie est dressé, puis le cadre théorique de l’étude de la performance est construit.La dernière partie articule les données de l’analyse formelle avec celles de l’analyse anthropologique. Après une analyse de la systématique musicale et des types d’articulation entre le matériau musical et les deux autres composantes de la performance (langue et corps), nous mettons en exergue les différents plans de pertinence des trois matériaux dans la catégorisation endogène et dans l’interprétation symbolique de la performance. En effet, la performance possède plusieurs sens pour les initiés. Elle structure le rituel et participe également à la représentation de l’univers symbolique du bwiti. Que ce soient les textes des chants, les instruments de musique, les danses, les actions rituelles, chaque matériau constitue différents canaux de significations à la fois sur les plans structurel et symbolique.Enfin, la performance participe à la construction identitaire complexe des initiés : plusieurs dimensions identitaires sont construites à travers les différentes fonctions des actions rituelles (performatives et symboliques). Support de conservation, d’actualisation et de transmission des savoirs (pratique et interprétatif), la performance fabrique les identités des initiés à la fois sur les plans rituel, sexuel et social.