2022
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Francis Joannès, « Accueillir l'étranger en Mésopotamie : mythe et réalité de l'intégration », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.ckimng
Le Proche-Orient ancien, et tout particulièrement la Mésopotamie – c'est-à-dire les territoires de la Syrie orientale et de l'Irak actuels – ont élaboré semble-t-il très tôt les règles d'une hospitalité qui fonctionna d'abord en interne, entre ses habitants, mais qui avait aussi pour but de réguler les comportements à observer envers les étrangers ayant l'occasion de séjourner dans la plaine alluviale mésopotamienne.Pour traiter ce sujet, le recours à la documentation textuelle en écriture cunéiforme nous situe dans la très longue durée qui s'étend de la fin du IIIe millénaire a.C. jusqu'aux abords de l'ère chrétienne et l'on ne peut évidemment pas évoquer tous les aspects propres à cette pratique de l'hospitalité dans le cadre d'une présentation générale comme celle qui suit. Elle permettra d'évoquer essentiellement deux aspects, en s'appuyant à la fois sur ce que l'on peut appeler “la littérature de tradition”, celle des mythes et des épopées en langue sumérienne puis akkadienne, et sur la documentation de la pratique, émise par les grands organismes institutionnels: d'abord le fait que les règles de l'hospitalité interviennent dans la manière dont l'habitant de la Mésopotamie conçoit l'intégration des étrangers à son modèle civilisationnel, puis, dans un second temps l'évolution majeure qui intervient au 1er millénaire a.C. en raison, semble-t-il, de la construction et de la mise en place politique des grands empires pluri-ethniques qui démultiplient, à l'inverse, les modes de vie et les identités. C'est alors, pourrait-on dire que “Babylone devient Babylone”, le lieu où se côtoient, sans forcément se mélanger, les diverses nations de l'Orient.