2006
Cairn
Brigitte Meijns, « La réorientation du paysage canonial en Flandre et le pouvoir des évêques, comtes et nobles (XIe siècle-première moitié du XIIe siècle) », Le Moyen Age, ID : 10670/1.cq3o18
En 1155, le comté de Flandre comptait 57 communautés de chanoines. 24 d’entre elles hébergeaient des chanoines séculiers supposés suivre la « Règle d’Aix » modérée de 816. Quant aux 33 autres communautés canoniales, elles naquirent dans l’esprit du mouvement de réforme canonial du XIe siècle. Ces chanoines réguliers essayèrent de mettre en pratique la vie apostolique en vivant dans la pauvreté, la communauté et la chasteté complètes. La situation telle qu’elle se présentait en 1155 résulta toutefois d’un remarquable remembrement du paysage canonial. En effet, à partir de la dernière décennie du XIe siècle, une réorganisation radicale s’opéra au sein des nombreux chapitres séculiers. Parmi les 55 chapitres séculiers fondés avant 1155, 31 se reconvertirent vers un mode de vie plus sévère. Dix optèrent pour l’ordre monastique, comme prieuré d’abbayes bénédictines ou comme abbaye indépendante. Les 21 chapitres restants se tournèrent, durant la même période, vers le pendant régulier de l’ordre canonial et adhérèrent – à trois exceptions près – à l’une des congrégations canoniales qui connaissaient alors un grand succès en Flandre : Arrouaise ou Prémontré. Les sources, la plupart d’entre elles étant des chartes et quelques-unes des sources narratives, expliquent peut-être ce fait par l’énorme attrait que suscitèrent les nouvelles idées auprès des diverses couches de la société et par le besoin de restauration des chapitres séculiers existants. Certaines indications font cependant apparaître que le bouleversement radical pourrait être interprété comme une tentative volontaire de la part de l’épiscopat réformateur d’abstraire les églises collégiales de la sphère d’influence des laïcs.