2003
Cairn
Didier Souiller, « Le monstrueux et le régulier : une antinomie de la poétique baroque européenne (1600-1650) », Revue de littérature comparée, ID : 10670/1.ctueal
Dans la théorie classique, telle qu’elle est exposée par Horace, l’exigence d’une unité de composition mène à apprécier négativement le « monstre », compris comme la combinaison incohérente d’éléments empruntés à différents organismes : pas de mélange des genres ni des registres. La poétique « baroque » (ou plutôt « moderne »), au contraire, semble préférer le mélange des formes littéraires, aussi bien dans les œuvres théâtrales que dans les romans et nouvelles, plus encore dans les opéras. Même un philosophe comme Montaigne affiche un goût étrange pour le « monstre », où l’on peut voir un emblème d’une pensée qui appréhende la réalité sur le mode du mouvement et de la transformation et non plus de la permanence. Telle est la tâche monstrueuse que se donne une certaine littérature hors norme ( XVIe - XVIIIe s.).