Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.47245/archimede.0010.var.04
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Giulia de Palma et al., « Poétique du paysage dans la tombe de Patron : nouveaux regards sur les intentions de la commande », HAL-SHS : histoire, ID : 10.47245/archimede.0010.var.04
Découvert dans les années 1830 le long du tronçon intra muros de la via Latina, le tombeau de Patron a immédiatement attiré l’attention des savants européens. Malgré cet intérêt, toutefois, le tombeau n’a jamais fait l’objet d’une approche globale, visant à restituer les relations que les différents éléments du décor épigraphique, peint et sculpté, auraient pu entretenir entre eux et, dans leur ensemble, avec le paysage environnant. L’étude met en évidence l’étroite complémentarité que ces éléments entretenaient à la fois entre eux et avec l’espace environnant. Celui-ci était marqué par la présence d’un jardin funéraire ou cepotaphion. À l’abri d’un mur, dont l’existence est suggérée par une plaque en tuf (peperino) déclarant le caractère sacré du lieu, ce locus amoenus était évoqué dans une longue inscription métrique. Hymne aux joies que la vie avait offertes au défunt, cette inscription semble vouloir les figer pour l’éternité, grâce à un jeu poétique d’images et de sons, traduits par un vocabulaire soigneusement sélectionné. La métaphore se prolongeait dans les peintures qui ornaient les parois intérieures de la chambre funéraire, dans un espace cette fois-ci réservé uniquement aux membres de la famille de Patron. Le décor du tombeau apparaît comme le résultat d’une conception unitaire, visant à immortaliser le souvenir d’une existence heureuse, même si les différents éléments qui le composent pourraient avoir été introduits à des moments différents, peut-être à l’occasion des décès prématurés des enfants de Patron. Replacé dans son contexte topographique, le tombeau de Patron témoigne aussi du développement sans précédent que connurent les espaces funéraires périurbains dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. La position du tombeau, telle que nous avons pu la restituer à partir de la gravure de Domenico Amici, suggère que le tombeau dépendait moins de la via Latina qu’on ne le croyait jusqu’à présent tout en confirmant l’existence d’une voirie reliant la via Latina à la via Appia. La fondation de l’édifice aurait pu s’inscrire dans le cadre d’un processus organique d’occupation funéraire des aires attenantes à la via Appia.