Funérailles nobiliaires et pouvoir seigneurial à la Renaissance

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Désormais bien connu pour les rois et les princes de la fin du Moyen Âge et de la première modernité, les funérailles nobiliaires demeurent un terrain encore inexploré pour une noblesse plus modeste, pour qui l’essentiel de la distinction sociale reposait sur la propriété féodale. Les obsèques appartenaient aux rites sociaux destinés à manifester le rang et la qualité d’un individu et des siens. Seule cérémonie véritablement personnelle de la vie d’un gentilhomme, la mort noble se distinguait de la mort du vulgaire. Il s’agissait d’un événement central de la vie de la seigneurie, célébré par l’ensemble de la communauté, dans lequel chacun était mobilisé pour honorer le défunt, et à travers lui, l’ensemble de son lignage, vivants et morts. La ritualisation de la mort seigneuriale prenait la forme d’une pompe funèbre parfaitement normée à la Renaissance. Les élections de sépulture entraient également dans la représentation de la puissance nobiliaire. La constitution de nécropoles familiales témoignait d’une forme de reproduction sociale de la noblesse dans une configuration topolignagère. Véritables sanctuaires dynastiques, ils offraient un cadre fixe et permanent à la célébration de la memoria de la parenté aristocratique, dans laquelle chaque ancêtre était individualisé. Les fondations pieuses la plaçaient dans le domaine de l’immémorialité, tout comme elles reflétaient dans le même temps les attaches territoriales et le pouvoir local d’un lignage. L’attachement au tombeau familial est perceptible dans les fureurs iconoclastes qui touchèrent les sépultures nobiliaires pendant les guerres de religion. En détruisant la tombe de son ennemi, on le blessait durablement dans ce qu’il avait de plus cher : la mémoire des ancêtres, présents spirituellement et protecteurs sanctifiés du lignage sur terre et sur ses terres.

Known well for kings and princes of the end of the Middle Ages and the Renaissance, the nobiliary burial remain more underestimated for a more modest nobility, the power of which established itself on the feudal property. Funeral belonged to the social rites intended to show the rank and the quality of someone and his family. Only really personal ceremony of the life of a gentleman, the death of a noble distinguished itself from the death of a commoner. It was about a central event of the life of the seigneury, celebrated by the whole community. Every inhabitant honored the deceased and through him, his whole lineage. In the early modern France, the seigneurial death took the shape of a perfectly organized funeral pomp. Burial places also showed the nobiliary power. The constitution of family necropolises testified of a shape of specific social reproduction of the nobility. Dynastic sanctuaries, they offered a permanent frame to the celebration of the memory of the aristocratic relationship, where every ancestor was known. The pious foundations made age-old the family memory. They also showed the territorial power of a lineage. The attachment in the family graves is visible in the destructions which concerned the nobiliary graves during the religious wars. By destroying the grave of his enemy, we hurt him in what he had of more expensively: the memory of the ancestors, the presents spiritually and defenders of the family on earth and on its lands.

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