L’idéal du laisser-agir (wuwei) dans les pratiques martiales chinoises : quelle place pour le soi dans l’action efficiente ?

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2018

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Alexandre Legendre, « L’idéal du laisser-agir (wuwei) dans les pratiques martiales chinoises : quelle place pour le soi dans l’action efficiente ? », Movement & Sport Sciences - Science & Motricité, ID : 10670/1.dhmlhg


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De nombreuses pratiques asiatiques se sont développées sur une expertise reposant sur l’articulation de deux principes qui semblent a priori contradictoires lorsqu’ils sont observés du point de vue de l’occident : la culture de soi (修養, xiuyang) et l’abandon du soi dans le laisser agir (無為, wuwei). Les arts martiaux chinois en fournissent une illustration éclairante : à force de répétitions, l’athlète gagne en compétence et peut progressivement expurger les modalités réflexives de conscience de l’exécution des techniques, au profit de modalités « corporelles ». Dans leur cas précis, cette conscience corporelle s’enracine dans la sensibilité haptique. Les techniques émancipées du contrôle de la conscience, une forme d’inconscient moteur est invitée à prendre les rênes de l’action : l’expérience sédimentée qui agit selon le naturel de sa propre spontanéité (自然, ziran). Et le soi, détaché de la conscience et coextensif à cette habileté acquise (son gongfu, 功夫), est redéfini en un sens qui le fait communier avec le fonctionnement des choses, le dao (道). Si l’occident n’en a pas formulé les principes dans les mêmes termes, il n’ignore plus, grâce aux sciences modernes, les limites de l’apport de la conscience dans l’apprentissage des techniques du corps.

The laisser-agir ( wuwei) ideal in Chinese martial arts: what role for the self in efficient motor action?Many Asian body practices have been developed on an expertise based on the combination of two principles that can appear contradictory from a western point of view: self-cultivation (修養, xiuyang) and self-surrender through the laisser-agir (無為, wuwei). Chinese martial arts provide a clear illustration of this phenomenon: through repetitions, the athlete improves his skills and becomes able to switch from reflexive consciousness to body consciousness to execute his techniques. In the case of Chinese martial arts, this body consciousness is rooted/grounded in the haptic sense. Freed/Emancipated from the control of consciousness, techniques are led by a motor unconsciousness: the sedimented experience that acts according to the natural of its own spontaneity (自然, ziran). Then, the self, released from consciousness and coextensive with his acquired ability (his gongfu, 功夫), is redefined in such a way that makes it coincide with the functioning of things, the dao (道). If the West did not couch it in the same language, it does not ignore anymore, thanks to modern sciences, how limited is the contribution of reflexive consciousness to skill acquisition.

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