26 mai 2014
Jean-Yves Authier et al., « Une transition invisible : les apprentissages différenciés de l'autonomie spatiale par les enfants en fin d'école primaire (quartiers bourgeois/quartiers populaires) », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.dn4a7m
La construction sociale des jeunes âges de la vie (prime enfance, enfance, adolescence, jeunesse) repose pour une large part sur les scansions opérées par l’institution scolaire, qui délimite avec l’école maternelle, puis élémentaireet enfin avec le collège, les étapes du parcours de vie durant l’enfance. L’entrée au collège fonctionnerait ainsi comme un rite d’initiation, ouvrant à une nouvelle autonomie pour les collégiens. Les enfants sont au contraire définis d’abord par leur état de dépendance, matérielle, mais également psychologique et mentale, notamment aux deux institutions qui organisent leur vie, l’école et la famille. L’objectif de notre communication est d’interroger cette représentation dichotomique des enfants dépendants et des adolescents autonomes, et de rendre visibles les processus discrets d’autonomisation à l’oeuvre durant l’enfance, plus précisément à la fin de l’école primaire, avant l’entrée en 6e. À partir d’une enquête menée en 2012-2013 auprès de 74 enfants résidant dans des quartiers bourgeois et populaires de Paris et de San Francisco, nous montrerons comment se déroule l’apprentissage de l’autonomie, de manière différenciée selon les contextes résidentiels (populaires ou bourgeois), nationaux (français ou américain), les appartenances de classe et de sexe des enfants. Une originalité de l’approche est d’appuyer cette analyse des apprentissages de l’autonomie sur les usages par les enfants des espaces urbains (du quartier, de la ville) à partir de leurs discours, ainsi que des dessins, réalisés à notre demande, de leurs quartiers de résidence. Seront ainsi mises en évidence différentes dimensions de l’autonomie, inégalement appropriées ou mises en oeuvre par les enfants selon les appartenances sociales précédemment identifiées.