Retour sur un dogmatisme peu ordinaire

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2016

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Elise Marrou, « Retour sur un dogmatisme peu ordinaire », HAL-SHS : philosophie, ID : 10.3917/rpub.020.0099


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Résumé Fr

Depuis son émergence, la philosophie du langage ordinaire  n’a cessé d’être soupçonnée de rendre l’enquête philosophique triviale, comme si les usages ordinaires sur lesquels elle travaille et qui sont son matériau propre contaminaient par avance ses procédures et la condamnaient à n’être qu’une entreprise de destruction de « tout ce qui est grand et important » selon l’expression de Wittgenstein au § 118 des Recherches. L’irritation qu’elle a suscitée et l’agacement qu’elle continue de provoquer ne doivent pas être pudiquement passés sous silence. Il importe au contraire de les affronter aussi directement que possible et de réfléchir aux enjeux de cette mise en cause. En effet, on ignore trop souvent que, loin d’avoir été sourde à cette objection de principe, la philosophie du langage ordinaire en a fait un problème qui l’a conduite à examiner de plus près les motivations de sa rupture avec les méthodes philosophiques traditionnelles. C’est donc la transformation de cette objection en une question philosophique à part entière que nous nous proposons dans le présent article de prendre pour objet. Nous le ferons en considérant les procédures des philosophes du langage ordinaire à contre-emploi, et pour ainsi dire à rebrousse-poil, en partant de ce que Stanley Cavell nomme d’une façon quelque peu surprenante leur « allure de dogmatisme ». comment assumer qu’une forme de dogmatisme (quelle qu’elle soit d’ailleurs) puisse rendre justice à la probité de l’exigence qui les guide ? Pour répondre à cette question, nous reviendrons d’abord sur le sens particulier du dogmatisme des philosophies du langage ordinaire : plutôt que d’adopter une attitude conciliatrice, Cavell prend le parti de faire apparaître la divergence qui sépare les méthodes des philosophes du langage ordinaire des philosophes plus traditionnels de la façon la plus radicale que possible. L’un des résultats les plus intéressants de son analyse est que ce dogmatisme découle d’une décision qui porte sur l’objet de la philosophie elle-même. C’est ainsi un dogmatisme bien étrange qui débouche tout autant sur une critique immanente des procédures de la philosophie du langage ordinaire elle-même que sur une critique de l’objet traditionnel de l’enquête philosophique. Nous analyserons cette décision dans un second temps en examinant ses conséquences directes sur la nature de ce que nous prétendons savoir : le dogmatisme des procédures de la philosophie du langage ordinaire répond en réalité au dogmatisme fondateur de la philosophie moderne. Selon Cavell, c’est bien sur le terrain de la définition de la connaissance que se joue la rupture des deux manières de philosopher. En nous appuyant sur les analyses de The Claim of Reason et de Disowning Knowledge, nous verrons comment Cavell construit un terrain d’entente, celui d’une disputatio, qui rétablit le dialogue rompu entre le philosophe du langage ordinaire et le philosophe de la connaissance traditionnelle, et qui contraint aussi chacun à reconnaître le poids de leurs présuppositions respectives dans la détermination ce que nous prétendons savoir, et par là, à reconnaître la part dogmatique qui guide l’enquête philosophique. Nous tenterons pour conclure de comprendre le sens de ce dernier déplacement dans l’économie du récital sceptique lui-même.

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