2022
Arnaud Brotons, « Pratiques et représentations du pèlerinage dans le Japon médiéval », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.e93jwa
Alors que la pratique du dhyāna semble tendre à résorber toutes les différences dans l’Un ultime, les courants issus de l’ésotérisme, du Tibet au Japon, inversèrent cette logique et élaborèrent un univers fondé sur un réseau de symboles capables de manifester le monde de l’éveil. Il en découla une géographie des lieux sacrés du Japon dont la nature secrète était consignée dans des « documents », kiroku. L’un d’eux, les Notes secrètes d’Ozasa, Ozasa hiyōroku (1465), dévoile le véritable sens du pèlerinage vers Kumano, haut lieu du syncrétisme shinto-bouddhique, comme une pratique d’éveil bouddhique. Deux paradigmes de la pratique semblent se dégager. Le premier, exprimé par la doctrine de l’éveil originel, hongaku, invite à dépasser toute dualité entre le pèlerin et le dieu vénéré. Le second, formulé par la métaphore de l’entrée dans la matrice et de la croissance de l’embryon, insiste sur la transformation et le cheminement.