2011
Cairn
Gabriel Langouët, « L'élitisme républicain : du certificat d'études primaires d'hier aux baccalauréats d'aujourd'hui », Carrefours de l'éducation, ID : 10670/1.ejvg3d
C oncernant la Troisième république, la réussite quant au développement de l’enseignement primaire obligatoire n’est plus à démontrer même si, comme l’a montré Claude Carpentier, celle de la généralisation de l’obtention du Certificat d’études primaires est restée plus relative : même à la veille de la seconde guerre mondiale, rapporté aux effectifs des classes d’âge concernées, le taux d’admission a, au mieux, approché ou atteint 50 %, le CEP restant en partie une « affaire d’hommes » même si les filles se distinguaient quant aux mentions obtenues ; et les enfants jeunes et des catégories sociales plus moyennes, l’utilisant comme moyen de reproduction, et de promotion scolaire ou sociale, ont enregistré de meilleurs résultats que ceux des familles plus modestes. Moyen de sélection des meilleurs, de l’élite, il a bien été, au moins pour partie, le « baccalauréat de l’enseignement primaire ». La Cinquième république a généralisé l’enseignement secondaire, la « norme » étant devenue son achèvement (80 % d’une classe d’âge au niveau des baccalauréats). Les baccalauréats, en se diversifiant, sont aujourd’hui, au total, obtenus par près de deux tiers des jeunes Français : la première ségrégation, c’est sa non obtention. Mais, parmi ceux qui l’obtiennent, la sélection est forte, et profondément sociale : chances d’obtention d’un baccalauréat, quel qu’il soit, fortement liées à l’âge d’entrée en sixième, et diversement liées selon les « niveaux » des baccalauréats, parcours scolaires vers les types de baccalauréats variables selon le sexe et l’appartenance sociale. Un seul exemple, à titre illustratif : 67 % des enfants de cadres supérieurs ou enseignants obtiennent un baccalauréat général et 6 % un bac professionnel ; 19 % des enfants d’ouvriers un baccalauréat général et 12 % un baccalauréat professionnel. Le baccalauréat : passeport pour l’enseignement supérieur ou Certificat d’études secondaires ?