Cyberharcèlement antiféministe

Résumé Fr En

Au milieu des années 1990, dès les premiers temps du développement d’internet, des militantes féministes ont pointé le risque d’une généralisation du cyberharcèlement contre les femmes et a fortiori contre les féministes. En partant des enjeux déjà dégagés par l’une d’entre elles, Ellen Spertus, nous étudions un corpus composé de 147 échanges agressifs (raids) contre des utilisatrices partageant des propos jugés féministes sur le réseau social Twitter. Nous considérons en particulier les mécanismes d’affiliation, de radicalisation et de prise de distance des utilisateurs par rapport à des « noyaux » qui se construisent via les réseaux sociaux dans le cadre de ces raids. Nous concluons en soulignant deux dimensions caractéristiques des cyberattaques, à savoir la « lutte de territoire » et le « forçage de contenus ».

In the mid-1990s, at the very beginning of the Internet’s development, feminist activists pointed out the risk of a generalization of cyberbullying against women, and a fortiori against feminists. Based on the issues already identified by one of them, Ellen Spertus, we study a corpus composed of 147 aggressive exchanges (raids) against users sharing what are considered feminist comments on the social network Twitter. We thereby particularly consider the mechanisms of affiliation, radicalization, and distancing of users in relation to the ‘nuclei’ that are built up via social networks in the context of these raids. We conclude by highlighting two characteristic dimensions of cyberattacks, namely ‘turf warfare’ and ‘content forcing’.