Mythes et science-fiction moderniste au théâtre : R.U.R de Čapek (1920) et Adam et Eve de Boulgakov (1930)

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15 juillet 2022

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Muriel Plana, « Mythes et science-fiction moderniste au théâtre : R.U.R de Čapek (1920) et Adam et Eve de Boulgakov (1930) », Textes et contextes, ID : 10670/1.ep8a2l


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L’anticipation, comme discours sur l’avenir, est une tradition dans la fiction théâtrale européenne. D’Œdipe roi à la Vie est un songe en passant par Iphigénie et Macbeth, elle produit deux grandes tendances esthétiques et politiques qui, le plus souvent, dialoguent ou s’affrontent dans les œuvres dramatiques : le prophétisme tragique et la voyance épique, que ces pièces anciennes associent à la sphère sacrée, quand le pouvoir mantique est un privilège des dieux et des devins, mais aussi profane, à travers une psychologisation de l’anticipation, alors incarnée par des figures humaines compromises. Dans les pièces de science-fiction modernistes R.U.R. de Čapek (1920) et Adam et Ève de Boulgakov (1930), outre qu’elle n’est plus un discours divin ou humain discuté sur scène mais un principe général de composition fictionnelle, où l’œuvre entière est un discours sur l’avenir, l’anticipation privilégie les questions technologiques et scientifiques et s’oriente vers de nouvelles figures, a priori profanes, comme celle du génie visionnaire, notamment scientifique, ingénieur ou même entrepreneur. Faust apparaît, par conséquent, comme le mythe moderne privilégié par une science-fiction moderniste soucieuse de représenter et de penser l’avenir d’un monde marqué par les guerres et les révolutions et de mettre à l’épreuve les idées de progrès scientifique comme politique et d’utopie. On s’interrogera donc sur les modalités esthétiques et les significations politiques de l’articulation originale que chacune de ces deux pièces nous propose du mythe romantique faustien avec le mythe archaïque par excellence qu’est Adam et Ève. Nous montrerons ainsi comment, entre utopie et dystopie, fantasme et critique, philosophie et actualité, les pièces de Boulgakov et de Čapek se détournent des logiques tragico-prophétiques, que les deux mythes (du pacte et de la chute) présupposent, en les actualisant, en les critiquant et en les confrontant entre eux selon des modalités poétiques que nous qualifierons d’épiques : le dédoublement dans Adam et Ève et la confusion dans R.U.R..

As a representation of the future, anticipation is a tradition in European theatre: in works like Œdipus Rex, La Vida es sueño or Iphigénie and Macbeth two main esthetical and political tendencies can be identified, either contrasting or dialoguing with each other: “tragical prophetism” and “epical vision”. Both are linked to the sacred – when prediction is ordered by gods or priests – or to the profane world, when compromised human characters have the power of telling the future. With European Modernist science-fiction works like R.U.R. by Čapek (1920) or Adam et Eve by Boulgakov (1930), anticipation has become less a divine or human representation of the future discussed on stage through the speeches of different characters than a genuine poetical principle of composition, dealing with technological and scientific matters through new profane figures like the “visionary genius” – scientist, engineer or even business man. “Faust” appears as a prominent myth in Modernist science-fiction as people go through World Wars or Revolutions while questioning such ideas as scientific or political progress and utopia. The present paper aims to study the esthetic and political tendencies in both works and explore the way they associate the Faustian figure and the archaic myth Adam and Eva. Definite emphasis will be laid on how both works deal with the utopia/dystopia, fantasy/criticism, recent events/philosophy dichotomies, favouring the epic way while leaving aside the tragic and prophetic line in their new version of the Pact and the Fall in which both myths are questioned, modernised and confronted to each other. Accordingly, Boulgakov’s formal use of a “poetic of the double” vs. Čapek’s development of a “poetic of confusion” will be brought to light.

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