5 décembre 2017
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Maël Dieudonne, « Une société pathogène ? : les hypersensibilités environnementales au prisme de la sociologie cognitive », Theses.fr, ID : 10670/1.f6q5at
Depuis une décennie se rencontrent de plus en plus nombreux des malades d'un genre particulier. Présentant des symptômes variés et souvent invalidants, ils en attribuent la responsabilité à des facteurs environnementaux très spécifiques : produits de la chimie de synthèse pour les personnes hypersensibles chimiques multiples (MCS), rayonnements électromagnétiques artificiels pour les personnes électro-hypersensibles (EHS). La définition, l'existence même de ces maladies font l'objet de controverses autant politiques que scientifiques, que la littérature sociologique a déjà bien décrites. L'expérience de leurs victimes est en revanche peu connue – ce à quoi cette recherche propose de remédier, en s'interrogeant sur ce que signifie concrètement le fait de souffrir d'une hypersensibilité environnementale.Quatre manières de répondre à cette question seront explorées. La première renvoie à l'expérience de l'hypersensibilité, à ses manifestations symptomatiques ressenties dans l'évidence simultanée de leur corporéité et de leur origine environnementale. La seconde recouvre le raisonnement étiologique grâce auquel cette origine est reconnue et crédibilisée. La troisième a trait aux stratégies que les hypersensibles déploient contre leur mal, qui s'inscrivent dans le double registre du soin et de la mise à distance. Enfin, dernière dimension de leur expérience : la profonde transformation des rapports sociaux qu'entraîne le fait de souffrir d'une maladie controversée. Il s'agira d'étudier comment ces quatre dimensions se nouent, à l'aide d'une démarche ethnographique et inductive.