Subversive Reeducation? Jazz as a Liberating Force in Germany and Europe

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La musique afro-américaine est entrée en Europe en deux vagues successives : l’une au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’autre après la Seconde. À chaque fois, l’accueil qui lui fut réservé se caractérisa par un mélange d’hostilité profonde et de plaisir intense. Le présent texte cherche à montrer que la musique née du jazz impliqua une rupture radicale par rapport aux règles de représentation et aux habitudes de réception propres à la culture musicale occidentale. Il ne s’agissait pas en l’occurrence d’un nouveau cas d’emprunt sélectif à telle forme existante ; on avait affaire à une mutation musicale paradigmatique (décrite par Ishmael Reed dans Mumbo Jumbo) – à un affrontement entre cultures musicales dissemblables, voire antithétiques, voué par la suite à avoir des répercussions considérables. Bien qu’issu des « bas-fonds », le jazz répondit plus aux prophéties culturelles sophistiquées du Futurisme ou aux attentes avant-gardistes du Modernisme que n’importe quel autre art traditionnel. Cette musique nouvelle se retrouva en phase avec le surréalisme, le primitivisme, le radicalisme démocratique, le multiculturalisme, le cosmopolitisme urbain. Elle promettait de moderniser, de libérer, de renouveler, de faire advenir une nouvelle façon d’être dans le monde – tout cela en même temps. Mais elle donna à ces aspirations modernistes hautement culturelles une tournure résolument vernaculaire, une sorte de camouflage culturel, qui accéléra la subversion « par le bas » des mœurs culturelles européennes.

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