2007
Cairn
Pierre-Marie Beaude, « Exégètes et théologiens : du conflit à la responsabilité de sujets lecteurs », Recherches de Science Religieuse, ID : 10670/1.foaxo2
L’émergence de l’exégèse moderne et contemporaine s’est faite par singularisation et autonomisation par rapport à la globalité d’un horizon théologique, ce qui n’alla pas sans sérieux conflits avec les théologiens. Un espace s’aménagea progressivement pour une lettre étudiée selon les règles de la critique, valorisant ainsi le grammairien ou le philologue aux dépens du théologien. Ainsi Richard Simon, en 1678, reconnaissait-il deux sens à la Bible : le littéral et le théologique, qu’il appelle encore spirituel ou mystique. Le critique laisse aux théologiens et aux pasteurs d’âmes le soin d’enseigner le sens spirituel. Il admet que le sens littéral n’a pas toujours vocation à nourrir la foi des fidèles ; sa seule demande est qu’on veuille bien lui laisser le soin de le fixer selon les lois de la critique historique et philologique, et donc de l’enlever à l’emprise que la théologie a sur lui. Ainsi éclata le conflit avec le théologien.