23 février 2021
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Claudia Cirelli et al., « Penser le politique par les déchets », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10.4000/geocarrefour.16173
Dans ce numéro Penser le politique par les déchets, notre objectif est d’envisager les déchets non seulement comme le résultat matériel de modes de production et de consommation de masse qu’il est nécessaire de gouverner pour limiter les effets de leur débordement et de leur nocivité sur la santé humaine et l’environnement, mais aussi, et surtout, comme des matières et des objets dont la prise en charge et l’appropriation sont au cœur d’enjeux économiques et sociaux – et, de ce fait, de pouvoir. 1 La dimension « polymorphe » et l’usage inflationniste de la notion de politisation ont été souligné (...) 2Les déchets sont devenus, dans nos sociétés contemporaines, un objet éminemment politique : leur gestion dessine un champ dans lequel une variété d’acteurs évolue (pouvoirs publics, experts, entrepreneurs privés, associations, riverains, tribunaux, consommateurs, etc.), où des agendas s’élaborent et des intérêts se concurrencent, des expertises et des savoirs s’affrontent, des principes et des règles se négocient, des projets de territoires sont discutés, des narrations et des valeurs qui cadrent les actions des acteurs en présence sont introduites dans le débat public. Pour les coordonnateurs de ce numéro, « Penser le politique par les déchets » signifie explorer et expliciter, d’une part, la portée politique que représente la prise en charge de la gestion des déchets par la société elle-même, dans la mesure où cette prise en charge engage des processus décisionnels, des choix et des débats sur des matières présentant des risques (potentiels ou avérés sur la santé et l’environnement) qui sont résolument politiques (Douglas, Wildavsky, 1983) et, d’autre part, les rapports de force qui ont une incidence sur la conduite des affaires publiques (Godard, Donzel, 2014). Il s’agit donc de saisir la diversité des processus de politisation repérables dans le champ des déchets et de leur gestion. Dans ce texte, les coordonnateurs mobilisent le terme de politisation 1 pour décrire les processus qui conduisent à identifier les déchets comme un enjeu majeur de société (Braud, 2014), de nouvelles formes d’engagement et d’expériences de citoyenneté (Carrel, Neveu, 2014), mais aussi à des actions d’opposition de la part des populations affectées par la présence d’installations de traitement et engagées dans la reconnaissance de droits (à la santé, à un environnement sain) et, enfin, de nouvelles formes de réflexivité institutionnelle, collective et individuelle, qui émergent en lien avec les déchets.